• Sept parachutistes, dont six membres de l'équipe de France militaire, ont atterri au coeur de Paris, sur la place de la Concorde, en conclusion du défilé du 14 juillet.
    Après s'être élancés d'un hélicoptère Puma positionné à 1.000 mètres du sol, ces sept parachutistes se sont posés cinq minutes plus tard au pied de la tribune présidentielle.
    Pendant leur vol, ces "paras" avaient déployé trois drapeaux: le drapeau français, celui de l'ONU, dont le secrétaire général Ban Ki-moon est l'invité d'honneur du 14 juillet 2008, et celui de l'Union européenne, présidée par la France depuis le 1er juillet.
    Le premier s'est posé à 11H55 précises devant la tribune présidentielle.


    votre commentaire
  • PARIS (AFP) — Le secrétaire général de Reporters sans Frontières, Robert Ménard, a été interpellé lundi matin sur les Champs-Elysées alors qu'il voulait manifester contre la présence du président syrien Bachar al-Assad à la tribune présidentielle, a constaté un journaliste de l'AFP.

    Robert Ménard a été interpellé par les forces de l'ordre peu avant 10H00 au niveau du rond-point des Champs-Elysées en compagnie d'une dizaine de militants de RSF qui criaient "Liberté en Syrie".

    La préfecture de police a annoncé plus tard dans la matinée que les manifestants avaient été conduits au commissariat du 18ème arrondissement de Paris pour vérification d'identité.

    Selon un communiqué de RSF, "les manifestants ont tenté de brandir les photos de journalistes emprisonnés en Syrie, en Tunisie, en Egypte et au Maroc, avant d'être évacués sans ménagement par les forces de l'ordre".

    "On n'est pas contre la présence de Bachar al-Assad à Paris, mais contre le fait qu'il soit reçu à la tribune présidentielle" a déclaré à l'AFP Vincent Brossel, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF.

    "On a déployé une banderole et lancé des slogans en faveur de la liberté en Syrie. On voulait pas troubler le défilé mais juste rappeler que les droits de l'Homme doivent être au coeur de la diplomatie française", a-t-il ajouté.

    "C'est quand même le 14 juillet, la prise de la Bastille symbole de la lutte contre l'autoritarisme et on retrouve un des pires dictateurs du Moyen Orient à la tribune célébré comme si c'était un démocrate", s'est insurgé M. Brossel avant d'être lui-même interpellé par la police.

    L'organisation de défense de la liberté de la presse, dont les membres étaient accompagnés de quelques opposants au régime de Damas, voulait défendre les journalistes et bloggeurs emprisonnés en Syrie. Quatre journalistes et écrivains, ainsi que cinq cyberdissidents, sont emprisonnées en Syrie, selon RSF.

    La présence de Bachar al-Assad "est scandaleuse dans un pays dont on dit souvent que c'est le pays des droits de l'Homme, de la liberté, des principes universels. C'est ça qui est choquant", a déclaré Abdul Raouf Darwich, maître de conférences en mathématiques à l'université d'Angers.

    Cet opposant au régime de Damas affirme qu'il y a en Syrie "des gens qui n'ont absolument rien fait et qui restent en prison 10 ans, 15 ans, 20 ans sans jugement, dont on ne sait pas s'ils sont vivants ou morts".

    Reporters sans frontières et son médiatique fondateur Robert Ménard s'étaient illustrés fin mars en parvenant à perturber la cérémonie d'allumage de la flamme olympique en Grèce, point de départ d'une série d'actions contre le régime chinois et la présence de chefs d'Etat à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à Pékin.


    votre commentaire
  • Le traditionnel défilé du 14-Juillet, la fête nationale française s'est déroulé sur les Champs-Elysées à Paris. De nombreux dirigeants étrangers ont été présents, parmi lesquels le président syrien Bachar al-Assad.

    Tous les dirigeants ayant participé dimanche au sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée (UPM), regroupant 43 pays, ont été conviés par le président français Nicolas Sarkozy dans la tribune d'honneur du défilé, située place de la Concorde au bas de l'avenue des Champs-Elysées.

    La présence parmi ces dirigeants de M. Assad, qui dirige un des régimes les plus répressifs du monde arabe, a été vivement critiquée par l'opposition de gauche et des organisations des droits de l'Homme.

    D'anciens militaires français ont également fait part de leur malaise en évoquant "une atteinte à la mémoire" des 58 soldats français tués en 1983 dans l'attentat de l'immeuble Drakkar à Beyrouth, dans lequel nombre d'observateurs avaient vu la main de la Syrie.

    Le Premier ministre israélien Ehud Olmert était également présent à la tribune d'honneur du 14-Juillet. MM. Olmert et Assad ne se sont pas croisés et ne se sont pas retrouvés face à face.


    votre commentaire
  • QUOTIDIEN : lundi 14 juillet 2008

    Entre les militaires et Nicolas Sarkozy, le malaise est là, palpable. Comme dans un couple en désamour, tout devient prétexte à criailleries et à suspicions. Du jamais vu sous la Ve République, si l'on excepte la période de la guerre d'Algérie. Sauf coup de théâtre, le défilé du 14 Juillet ne devrait pourtant pas être l'occasion pour l'armée de manifester sa grogne. Ce n'est pas le genre de la maison, mais cette année, le cœur n'y est pas.

     

    A la veille de la fête nationale, le ministère de la Défense organise chaque année une garden-party en l'honneur des troupes qui défilent sur les Champs-Elysées. Le chef de l'Etat y fait un saut, prononce un discours, décore quelques soldats. Vendredi, l'Elysée a annoncé que Nicolas Sarkozy ne viendrait pas, trop occupé par le sommet de l'Union pour la Méditerranée (lire pages 8 et 9). Un geste mal compris, alors que ce même chef d'Etat demande à ses troupes de défiler devant un président syrien dont le régime est accusé d'être responsable de la mort de 58 parachutistes français dans l'attentat de l'immeuble Drakkar, à Beyrouth en 1983.

    Livre blanc. A la grogne, tout fait désormais ventre : une cérémonie militaire mal organisée aux Invalides, le Livre blanc sur la Défense, le drame de Carcassonne (Aude), une visite annulée aux Casques bleus, le droit d'expression des militaires (lire page suivante), la carte des fermetures de garnison...

    Lancé à l'été 2007, le Livre blanc a été rendu public le 17 juin dernier. Elaboré par des experts, civils pour l'essentiel, il préconise une «stratégie de sécurité nationale à l'heure de la mondialisation» et une adaptation de l'outil militaire aux nouvelles menaces. Personne n'est complètement dupe : la principale menace, c'est la situation catastrophique des finances publiques. De l'aveu même de l'Elysée, l'effort de Défense par rapport au produit intérieur brut (PIB) baissera au cours des années à venir.

    Concrètement, cela se traduira par une réduction du format des armées de 54 000 hommes et femmes (- 17 %) d'ici à 2015. A elle seule, l'armée de l'air perdra le quart de ses effectifs. De nombreuses garnisons seront fermées. Le ministre de la Défense avait promis d'en donner la liste le 19 juin. La date a été repoussée à plusieurs reprises, et Hervé Morin s'engage désormais à la communiquer «avant la fin du mois du juillet». Il est vrai que sur le terrain, la grogne des élus est de plus en plus forte. En Moselle, autour de Dieuze (lire page suivante), mais aussi à Caen (Calvados) pour conserver le 18e régiment de transmissions ou à Mourmelon (Marne) dont le maire UMP organise ce matin un défilé pour ne pas perdre «son» régiment de chars Leclerc. Le gouvernement marche sur des œufs : pas question de braquer des parlementaires dont les voix sont comptées une à une en vue de l'adoption de la réforme de la Constitution, prévue elle aussi fin juillet.

    Si les militaires sont inquiets, ils ont néanmoins une certaine habitude des fermetures : en vingt ans, leurs effectifs ont été réduits de moitié et les implantations d'autant. En revanche, ce dont les armées n'ont pas l'habitude, c'est de se sentir incomprises, voire mal aimées, de la part de leur chef.

    Grenades. Pour les militaires, les déclarations de Nicolas Sarkozy après le drame de Carcassonne, au cours duquel un sergent a blessé 17 spectateurs à balles réelles, ont été mal perçues. Le mot «amateur» est resté en travers de toutes les gorges. Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, ou Hervé Morin ont beau expliquer que l'expression ne visait pas l'ensemble de l'institution, le mal est fait. D'autant que, le même jour, d'autres parachutistes d'infanterie de marine arrivaient à Kaboul pour renforcer l'opération de l'Otan, comme le souhaite le chef de l'Etat.

    Fait exceptionnel : le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Bruno Cuche a présenté sa démission après le drame et les propos, réitérés, du chef de l'Etat qui n'a même pas souhaité le recevoir.

    Ce même général Cuche dénonçait, en décembre, la «paupérisation de l'armée de terre». Alors que les armées sont impliquées dans des conflits de plus en plus durs (22 blessés français par balles et grenades face aux Serbes du Kosovo, le 17 mars), cette «paupérisation» se traduit par une mise en danger des soldats : manque de protection individuelle ou contre les mines, etc.

    Les militaires peuvent pourtant se rassurer : 88 % des Français ont «plutôt une bonne opinion d'eux» (1). Le président de la République ne peut certainement pas en dire autant.

    (1) Sondage Ifop pour le Journal du dimanche réalisé les10 et 11 juillet auprès d'un échantillon de960 personnes.

     

    Recherche personnalisée

    votre commentaire
  • ANTOINE GUIRAL et JEAN QUATREMER|QUOTIDIEN : lundi 14 juillet 2008
     
    Sommet. Les chefs d'Etat et de gouvernement des deux rives de la mer Méditerranée étaient réunis hier à Paris, sans couac.
    Un grand tapis bleu, comme la Méditerranée et Nicolas Sarkozy qui biche. Sur le parvis du Grand Palais, hier à Paris, le président français accueille les uns après les autres une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement venus participer au sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Tous les pays de l'Union européenne et du Sud de la mare nostrum sont là, avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et les «chefs» de l'UE. Le Libyen Muammar al-Kadhafi n'a finalement envoyé aucun représentant. Le roi du Maroc s'est désisté à la dernière minute (lire page suivante). Autre absent de marque, côté européen, le Belge Yves Leterme qui tente de sauver son gouvernement. Si le chef de l'Etat a échoué à faire venir le Premier ministre belge, il a en revanche réussi l'exploit de réunir autour d'une même table des frères ennemis d'un tout autre calibre : le Palestinien Mahmoud Abbas, l'Israélien Ehud Olmert, le Syrien Bachar al-Assad, le Libanais Michel Sleiman, l'Algérien Abdelaziz Bouteflika, le Tunisien Zine Ben Ali...
     

    «Avenir». Au terme d'un casse-tête protocolaire, tous ont pris place autour d'une même table ronde sous la verrière du Grand Palais. Pas simple. A côté des deux coprésidents de l'UPM (Nicolas Sarkozy et l'Egyptien Hosni Moubarak), chaque pays a été placé par ordre alphabétique de part et d'autre de la table : à droite l'Albanie, puis à gauche l'Autriche, à droite l'Algérie, puis à gauche la Bosnie... Le but étant d'éviter toute proximité entre la Syrie et Israël : de toute façon, les dirigeants syrien et palestinien se sont éclipsés discrètement au moment où Olmert prenait la parole. Aucun incident cependant lors de ce sommet balisé qui a pour ambition de relancer la coopération entre l'UE et le pourtour méditerranéen (débutée en 1995 par le «processus de Barcelone», déjà une idée française). Aucune décision concrète non plus, le message étant la réunion elle-même. Mais, au-delà du décorum, des à-côtés diplomatiques marqueront le sommet : rencontre entre Olmert et Abbas à l'Elysée, bilatérale entre Sarkozy et Al-Assad... (lire page suivante). La limite de cet exercice, qui s'est résumé à trois heures de tour de table, a été illustrée par l'absence de toute photo de famille. On n'en est pas encore là.

    Sarkozy en a conscience. A l'ouverture, il a déclaré : «Pour que cet avenir soit un avenir de paix, un avenir de justice, un avenir de progrès, il faudra que chacun fasse un effort sur lui-même comme les Européens l'ont fait pour mettre un terme à l'engrenage fatal de la guerre et de la violence [...] Nous réussirons ensemble ou nous échouerons ensemble.»

    Un haut fonctionnaire de la Commission européenne notait que cette réunion lui «rappelait le lancement de Barcelone, en 1995» où tout le monde était aussi là. «Mais, ensuite, plus personne n'est venu et le processus s'est politiquement ensablé», même si les projets de développement ont continué à être financés par l'UE. «Si les Européens envoient au prochain sommet de simples hauts fonctionnaires, l'Union pour la Méditerranée connaîtra le même destin que Barcelone.»

    Pour l'heure, avant même d'entrer dans le concret (projets ou gouvernance), les chefs d'Etat et de gouvernement ont négocié pied à pied les termes d'une déclaration commune qui se veut très politique. Points les plus sensibles, sans surprise : le processus de paix au Proche-Orient, le nucléaire et son contrôle dans la région, ainsi que la condamnation du «terrorisme sous toutes ses formes». Trois points qui figurent bien dans la déclaration finale. Aucun de ces sujets n'a été contourné ou passé sous silence. La condamnation du terrorisme sous toutes ses formes est soulignée. De même sur le nucléaire «les parties s'emploient à établir au Proche-Orient, une zone exempte d'armes de destruction massive, nucléaires, chimiques et biologiques, qui soit dotée d'un système de vérification mutuelle efficace».

    Pari. La déclaration finale apporte aussi son soutien au processus de paix israélo-palestinien et se félicite «des pourparlers de paix indirects sous les hospices de la Turquie entre la Syrie et Israël». De bon augure pour l'UPM, qui comme le souhaite Sarkozy, peut devenir une enceinte où se discuteront les questions politiques déchirant le sud de la Méditerranée et le Proche-Orient.

    Le pari n'est pas pour autant gagné, beaucoup d'incertitudes demeurant sur le plan pratique. Ainsi, la gouvernance de l'UPM n'a pu être tranchée : elle devra l'être en novembre à Marseille, lors d'un sommet ministériel. Sur la coprésidence, ni le Nord ni le Sud ne sont d'accord, hormis sur la désignation pour un premier mandat dont la durée n'est pas précisée de Sarkozy et de Moubarak. La France continue à réclamer une présidence d'une durée de deux années, pendant que les autres pays de l'UE souhaitent qu'elle suive le rythme des présidences semestrielles tournantes de l'UE. Au Sud, c'est encore pire : ni la durée, ni l'ordre de succession, ni les conditions de désignation ne font l'objet d'un consensus. Même désaccord sur le siège du secrétariat général de l'UPM : si l'idée de le situer dans un pays du Maghreb a les faveurs de Paris, les rivalités entre la Tunisie, l'Algérie et le Maroc risquent de profiter à Barcelone ou à... Bruxelles.


     


    votre commentaire