• Aux Etats-Unis, plus d'un internaute adulte sur deux consulte l'encyclopédie en ligne Wikipedia, qui fête ses dix ans samedi, selon un rapport publié vendredi.

    Selon l'enquête du Pew Internet and American Life Project réalisée en mai 2010, 53% des adultes surfant sur le web consulte l'encyclopédie gratuite. Ils étaient 36% en février 2007.

    Les plus jeunes internautes sont ceux qui se fient le plus à cette encyclopédie rédigée par ses utilisateurs.

    Quelque 62% des moins de 30 ans s'adressent à Wikipedia tandis qu'ils sont 33% chez les plus de 65 ans. L'encyclopédie est consultée par 52% des internautes âgés de 30 à 49 ans et 49% de ceux âgés de 50 à 64 ans.

    Wikipedia, fondée par Jimmy Wales le 15 janvier 2001, est même plus populaire que le fait de converser en messagerie instantanée, un service utilisé par 47% des usagers d'internet. En revanche les sites de réseaux sociaux sont plus populaires que l'encyclopédie (61% d'utilisateurs).

    L'enquête de Pew a interrogé 2.252 adultes en avril et mai 2010 et comprend une marge d'erreur de 2,7 points.


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  • Les réseaux sociaux, en premier lieu Twitter et Facebook, jouent un rôle fondamental depuis le début de la révolte en Tunisie, formidables caisses de résonance à l'intérieur et à l'extérieur d'un pays où l'information est censurée et la presse empêchée de travailler.

    Cela fait un mois que les Tunisiens multiplient "tweets" et "statuts" contre le gouvernement du président Zine El Abidine Ben Ali : témoignages et informations abondent en temps réel. Un flux ininterrompu que le régime n'est pas parvenu à contenir.

    "Twitter et Facebook jouaient un rôle avant même le début des événements. C'était déjà un moyen de contourner la censure. Mais aujourd'hui, cela a pris une ampleur inespérée. Ils jouent un rôle fondamental", témoigne l'historienne franco-tunisienne Leyla Dakhli, qui a travaillé sur les médias arabes.

    "L'information s'est démultipliée, poursuit-elle. Et ce qui est frappant, c'est que des personnes qui n'étaient pas militantes sont entrées dans la danse, remplaçant leur photo de profil sur Facebook par le drapeau tunisien en deuil (en noir et blanc) ou ensanglanté. Ce sont des choses qui donnent confiance et courage à ceux qui manifestent".

    Pour Pierre Haski, journaliste spécialiste de l'étranger à rue89, "internet n'est pas le moteur de la révolte", mais, à travers les médias sociaux, le web joue "un rôle important : c'est une caisse de résonance".

    "En Tunisie, les sites des médias sont mauvais ou sous-développés. C'est Facebook qui sert de plate-forme d'informations : il y a un véritable échange d'infos non filtrées", ajoute-t-il.

    Vendredi, les Tunisiens ont défilé par milliers à Tunis pour demander le départ immédiat du président Ben Ali.

    "Cela génère énormément de tweets, et les +hashtags+ (les sujets attribués aux messages, NDLR) #maniftunis, #benali et #tunis sont parmi les plus utilisés de la journée", relève Alban Martin, enseignant au Celsa.

    "C'est un canal très utilisé, qui donne de la visibilité, amplifie, et qui créé un flux direct et organisé alors que, localement, c'est difficile de relayer les informations" de manière traditionnelle, ajoute ce spécialiste des rapports entre politique et nouveaux médias.

    "C'est un fil d'infos avec des renvois vers des contenus photos ou vidéos. Si tout cela n'était pas canalisé par Twitter, il n'y aurait pas la possibilité de suivre les événements de façon aussi pointue", insiste-t-il.

    "Pendant une semaine, on avait plus d'infos sur la Tunisie en suivant le +hastag+ #sidibouzid (la ville d'où est partie la révolte, NDLR) que dans les médias français", souligne également Pierre Haski.

    "C'est un nouvel outil pour les journalistes, d'autant qu'ils ont difficilement accès au pays", abonde Leyla Dakhli, tandis que pour Alban Martin "cela touche toutes les rédactions, qu'elles aient ou non des reporters sur place", contribuant ainsi à faire des événements en Tunisie une dominante de l'actualité.

    Toute cette mécanique usant des réseaux sociaux avait également prévalu en Iran en 2009 à la suite de la réélection très contestée du président Mahmoud Ahmadinejad. Cela n'a cependant pas empêché le régime de demeurer en place : "Aujourd'hui, internet est une condition nécessaire mais pas suffisante pour faire la révolution", conclut Pierre Haski.


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  • TUNIS, Tunisie - Le gouvernement tunisien a décrété mercredi un couvre-feu s'appliquant de 20h à 6h du matin dans la région du grand Tunis, a-t-on appris de source officielle. Cette décision fait suite aux nouveaux accrochages qui ont opposé mercredi des manifestants aux forces de l'ordre en plusieurs endroits du centre de Tunis.

    Tunis était d'ailleurs sous tension mercredi à la suite d'accrochages entre des manifestants et la police qui se sont produits à plusieurs endroits du centre-ville, a constaté un journaliste de l'Associated Press sur place. Face à ces troubles qui secouent la Tunisie depuis plus de trois semaines, le président Zine El Abidine Ben Ali a limogé le ministre de l'Intérieur.

    C'est la première fois depuis le déclenchement des troubles le 17 décembre dernier à Sidi Bouzid, dans le centre-ouest tunisien, que les affrontements atteignent la capitale. C'est le suicide à Sidi Bouzid d'un diplômé vendeur ambulant de fruits et légumes de 26 ans qui a déclenché le mouvement de protestation, lequel s'est ensuite propagé à plusieurs régions du pays avant d'atteindre Tunis. Depuis lors, 23 personnes ont été tuées par la police, selon le bilan du gouvernement tunisien, mais des témoins et les syndicats évoquent au moins 46 morts.

    Mercredi, les heurts se sont déroulés non loin de l'avenue Habib Bourguiba, centre névralgique de la capitale quadrillé par un important dispositif policier. Peu après midi, plusieurs centaines de manifestants sortant des souks proches de l'avenue de France ont lancé des pierres sur les forces de l'ordre, qui ont réagi en tirant des gaz lacrymogènes sur les manifestants, a-t-on constaté.

    Ces heurts se déroulaient à une centaine de mètres de l'ambassade de France et de la grande cathédrale de Tunis où étaient positionnés deux véhicules militaires entourés de fils barbelés.

    Tous les commerces ainsi que les banques situés aux alentours ont été aussitôt fermés. Les manifestants, dispersés et pourchassés par les forces de l'ordre, se sont rassemblés à la gare ferroviaire Barcelone, proche de l'avenue Bourguiba.

    Simultanément, du côté du Passage, près du centre-ville, une autre manifestation rassemblant plusieurs centaines de personnes a été empêchée par les unités anti-émeutes de gagner le siège du gouvernorat (préfecture).

    Place Mohamed Ali, où se trouvent les locaux de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), l'unique centrale syndicale tunisienne, des manifestants étaient encerclés par des policiers en civil et en tenue. Plusieurs d'entre eux ont été blessés lorsqu'ils ont tenté de déverrouiller le blocus.

    Mardi soir, des affrontements avaient éclaté dans des cités populaires périphériques de Tunis, notamment les cités Attahamoun et Intilaka, où des bâtiments publics et des véhicules ont été incendiés par les manifestants.

    Après une accalmie la nuit, les manifestations ont repris de plus belle mercredi où un témoin oculaire a fait état dans l'après-midi de coups de feu, de nuages de fumée et de dégâts matériels «considérables» occasionnés à des bâtiments et des commerces, ainsi qu'au métro qui mène à la cité Ibn Khaldoun.

    Les troubles meurtriers qui secouent la Tunisie depuis plusieurs semaines ne semblent pas vouloir s'apaiser malgré les mesures urgentes prise par le pouvoir pour répondre aux revendications sociales des populations.

    Ces derniers jours, le président Zine El Abidine Ben Ali s'est engagé notamment à créer 300 000 emplois dans les deux années à venir, destinés en particulier aux chômeurs diplômés.

    Après le limogeage dans un premier temps du ministre de la communication et du gouverneur de Sidi Bouzid, il a démis de ses fonctions le ministre de l'Intérieur Rafik Belhaj Kacem, remplacé par Ahmed Friaâ, qui avait occupé auparavant plusieurs postes ministériels.

    Le premier ministre Mohamed Ghannouchi a également annoncé la libération de toutes les personnes arrêtées pendant les troubles à l'exception de ceux dont l'implication aura été prouvée par la justice.


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  • À partir de mardi et durant trois jours, le journaliste comparaitra devant le tribunal correctionnel de Paris pour diffamation et discrimination raciale pour ses déclarations tenues chez Ardisson sur Canal+ et qui avaient soulevé une vague d'indignation en mars 2010.

    « Les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C’est un fait. » Eric Zemmour avait soulevé la polémique avec cette déclaration dans l'émission Salut les terriens animée par Thierry Ardisson sur Canal + en mars dernier. Aujourd'hui, plusieurs associations parmi lesquelles SOS Racisme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), la Licra, l'Union des étudiants juifs de France (UEFJ) et J'accuse, le traînent devant le tribunal correctionnel de Paris, qui devra trancher sur le caractère raciste ou non de ces déclarations.

    Ce même jour, Eric Zemmour, interrogé sur les discriminations à l’embauche, avait répondu que les employeurs « ont le droit » de refuser des Arabes ou des Noirs.

    Au procès, il devrait faire citer une dizaine de témoins dont le député (UMP) de Paris Claude Goasguen, le chroniqueur Eric Naulleau ou l’ancien secrétaire général de Reporters sans Frontières, Robert Ménard.

    En mars, le chroniqueur avait fait savoir au président de la Licra qu'il regrettait que ses propos aient « pu heurter » mais il les maintenaient. Il venait alors d'annuler à la dernière minute le débat télévisé programmé avec la Licra.


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  • Les troubles, qui ont déjà fait 14 à 50 morts selon les sources, ébranlent-ils le régime Ben Ali? LEXPRESS.fr a posé la question à Pierre Vermeren, professeur d'histoire du Maghreb à l'université Paris-I.

    Etes-vous surpris par les troubles qui touchent l'Algérie et la Tunisie?

    Bio Express

    Pierre Vermeren enseigne l'histoire du Maghreb à l'université Paris-I. Il a notamment publié Le Maghreb (Ed. Le Cavalier Bleu, 2010) et Maghreb, la démocratie impossible? (Fayard, 2004).  

    Pas vraiment. En Algérie, les problèmes politiques se règlent souvent par une confrontation ouverte. Les autorités et les policiers anti-émeute sont habitués. Ce n'est pas le cas dans la Tunisie voisine, qui n'a pas connu de manifestations de grande ampleur depuis 1991 car la population avait peur et était astreinte au silence. Elle bénéficiait aussi d'une petite croissance économique régulière. Dans l'un et l'autre pays, les conditions socio-économiques se sont durcies avec la crise mondiale apparue il y a deux ans. La difficulté d'émigrer, l'augmentation du chômage, la baisse des investissements contribuent à une situation intenable. Avec le résultat que l'on voit.  

    Le mouvement en Tunisie est né du chômage des jeunes. Est-il désormais politique?

    La question des chômeurs diplômés est, dans ce pays comme dans d'autres, une question ancienne et massive. Au Maroc, par exemple, les manifestations sur ce sujet sont anciennes. En Tunisie, en revanche, la contestation n'est pas possible. De ce point de vue, le voile s'est déchiré sur la réalité socio-économique, en particulier à l'intérieur des terres, à l'écart des régions côtières qui concentrent l'essentiel de l'activité. Le "miracle économique tunisien" était une image de communicant. Et les morts, victimes de la répression, portent atteinte à cette image. La légitimité des dirigeants tunisiens est mise à mal, d'autant que les émeutes ont été beaucoup plus violentes en Algérie, où le sang a pourtant moins coulé.  

    "En  Tunisie, le voile s'est déchiré sur la réalité"

    Depuis le 17 décembre, les manifestations qui ont commencé à Sidi Bouzid, après le suicide d'un jeune vendeur ambulant, gagnent le reste du pays.  

    AFP/Fethi Belaid

    Le régime est-il menacé?

    Il est solide, car il n'y a pas d'alternative crédible. Le système est hyper-centralisé, avec un président qui tient les choses depuis très longtemps. Mais le chef de l'Etat est âgé, et au pouvoir depuis 23 ans. Dans les trois ans qui viennent, avant l'expiration de son mandat, il faudra trouver des solutions.  

    Quelle forme pourrait prendre l'issue politique?

    C'est la grande inconnue. L'opposition démocratique, extrêmement réprimée depuis deux décennies, est très affaiblie. Dans l'entourage du président, qui pourrait assurer une éventuelle relève? Le Premier ministre a 69 ans et il est chef du gouvernement depuis douze ans. Le système semble usé.  

    Les islamistes peuvent-ils profiter de la situation?

    Au sein de la population, il existe une sensibilité islamiste très forte: le discours religieux, moral ou moralisateur, se nourrit de la dénonciation de la corruption et des comportements économiques mafieux. Le terreau est très favorable. A la charnière entre le Proche-Orient et l'Algérie, la Tunisie est aussi soumise, comme tous les pays de la région, à l'idéologie véhiculée par les grands médias du Golfe. Pour autant, le mouvement islamiste semble désorganisé. Et personne, au Maghreb, ne souhaite vivre une tragédie comme celle qu'a connu l'Algérie pendant les années 1990.  

    Le régime marocain est-il inquiet par un éventuel effet de contagion?

    Le système Ben Ali semble usé... 

    Les manifestations sont liées au chômage des diplômés mais ce sont aussi, plus simplement, des émeutes de la faim. Au Maroc, le gouvernement est très vigilant: il a subventionné l'an dernier, à hauteur de 2 milliards de dollars, les prix de l'alimentation alors que le budget était pourtant serré. Et il fera tout pour assurer encore la paix sociale.  

    Quelle est la responsabilité de la France et, au-delà, de la communauté internationale?

    Au début des années 1990, lors du début des événements dramatiques en Algérie, le pouvoir tunisien a obtenu carte blanche pour maintenir l'ordre et éviter à tout prix un risque de contagion islamiste. Depuis lors, nous n'exigeons aucune contrepartie d'ordre politique. Chirac lui-même estimait que le premier des droits de l'homme, c'est de pouvoir manger. Mais que dire, alors, quand le pain n'est plus assuré?...  

    A écouter un discours très complaisant, surtout en France, la Tunisie serait un petit paradis, voire une sorte de Singapour en devenir: grâce à la forte croissance, tout irait bien. La réalité est que le niveau de vie est plus faible qu'en Algérie et guère plus élevé qu'au Maroc. A ce niveau de développement, la croissance devrait atteindre 10%, comme en Asie. Mais elle est inférieure à la moyenne africaine depuis dix ans. Les plus riches, localement, n'ont pas intérêt à investir, compte tenu des risques liés à l'absence de l'état de droit. L'argent qui circule vient de l'Union européenne et des milieux proches du pouvoir. Or, cela ne suffit pas. Notre responsabilité est là. En Europe, nous semblons dire que nous sommes indifférents au sort de la population tunisienne, pourvu que le calme règne. Justement, il ne règne plus.  


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