• Couvre-feu décrété en Tunisie

    TUNIS, Tunisie - Le gouvernement tunisien a décrété mercredi un couvre-feu s'appliquant de 20h à 6h du matin dans la région du grand Tunis, a-t-on appris de source officielle. Cette décision fait suite aux nouveaux accrochages qui ont opposé mercredi des manifestants aux forces de l'ordre en plusieurs endroits du centre de Tunis.

    Tunis était d'ailleurs sous tension mercredi à la suite d'accrochages entre des manifestants et la police qui se sont produits à plusieurs endroits du centre-ville, a constaté un journaliste de l'Associated Press sur place. Face à ces troubles qui secouent la Tunisie depuis plus de trois semaines, le président Zine El Abidine Ben Ali a limogé le ministre de l'Intérieur.

    C'est la première fois depuis le déclenchement des troubles le 17 décembre dernier à Sidi Bouzid, dans le centre-ouest tunisien, que les affrontements atteignent la capitale. C'est le suicide à Sidi Bouzid d'un diplômé vendeur ambulant de fruits et légumes de 26 ans qui a déclenché le mouvement de protestation, lequel s'est ensuite propagé à plusieurs régions du pays avant d'atteindre Tunis. Depuis lors, 23 personnes ont été tuées par la police, selon le bilan du gouvernement tunisien, mais des témoins et les syndicats évoquent au moins 46 morts.

    Mercredi, les heurts se sont déroulés non loin de l'avenue Habib Bourguiba, centre névralgique de la capitale quadrillé par un important dispositif policier. Peu après midi, plusieurs centaines de manifestants sortant des souks proches de l'avenue de France ont lancé des pierres sur les forces de l'ordre, qui ont réagi en tirant des gaz lacrymogènes sur les manifestants, a-t-on constaté.

    Ces heurts se déroulaient à une centaine de mètres de l'ambassade de France et de la grande cathédrale de Tunis où étaient positionnés deux véhicules militaires entourés de fils barbelés.

    Tous les commerces ainsi que les banques situés aux alentours ont été aussitôt fermés. Les manifestants, dispersés et pourchassés par les forces de l'ordre, se sont rassemblés à la gare ferroviaire Barcelone, proche de l'avenue Bourguiba.

    Simultanément, du côté du Passage, près du centre-ville, une autre manifestation rassemblant plusieurs centaines de personnes a été empêchée par les unités anti-émeutes de gagner le siège du gouvernorat (préfecture).

    Place Mohamed Ali, où se trouvent les locaux de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), l'unique centrale syndicale tunisienne, des manifestants étaient encerclés par des policiers en civil et en tenue. Plusieurs d'entre eux ont été blessés lorsqu'ils ont tenté de déverrouiller le blocus.

    Mardi soir, des affrontements avaient éclaté dans des cités populaires périphériques de Tunis, notamment les cités Attahamoun et Intilaka, où des bâtiments publics et des véhicules ont été incendiés par les manifestants.

    Après une accalmie la nuit, les manifestations ont repris de plus belle mercredi où un témoin oculaire a fait état dans l'après-midi de coups de feu, de nuages de fumée et de dégâts matériels «considérables» occasionnés à des bâtiments et des commerces, ainsi qu'au métro qui mène à la cité Ibn Khaldoun.

    Les troubles meurtriers qui secouent la Tunisie depuis plusieurs semaines ne semblent pas vouloir s'apaiser malgré les mesures urgentes prise par le pouvoir pour répondre aux revendications sociales des populations.

    Ces derniers jours, le président Zine El Abidine Ben Ali s'est engagé notamment à créer 300 000 emplois dans les deux années à venir, destinés en particulier aux chômeurs diplômés.

    Après le limogeage dans un premier temps du ministre de la communication et du gouverneur de Sidi Bouzid, il a démis de ses fonctions le ministre de l'Intérieur Rafik Belhaj Kacem, remplacé par Ahmed Friaâ, qui avait occupé auparavant plusieurs postes ministériels.

    Le premier ministre Mohamed Ghannouchi a également annoncé la libération de toutes les personnes arrêtées pendant les troubles à l'exception de ceux dont l'implication aura été prouvée par la justice.


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