• Certains en ont fait un conte échevelé, voire un roman d’espionnage. Voici enfin, reconstitué, heure par heure, grâce à des témoins clés, le récit de ce 14 janvier qui vit le départ de Tunisie de Ben Ali et de ses proches.
    Ce 14 janvier, dans l’après-midi, le cours de l’Histoire s’accélère. Depuis le milieu de la matinée, le général Ali Seriati, le chef de la garde présidentielle, est au palais, au côté de Ben Ali. Minute après minute, il reçoit de ses unités et des chefs de la police des nouvelles alarmantes. Sur l’avenue Bourguiba, l’informent ces derniers, les manifestants se comptent par dizaines de milliers. Et ils réclament le départ du président. C’est donc que le peuple n’a pas été dupe des promesses formulées la veille : dans un discours télévisé, Ben Ali avait demandé à ses concitoyens de lui laisser six mois pour entreprendre des réformes et s’était engagé à quitter le pouvoir ensuite, sans briguer un sixième mandat.


    Accueil triomphal
    Peu après 13 heures, Seriati apprend que plusieurs incendies ont éclaté – le premier dans la villa toute neuve de Houssem Trabelsi, à l’entrée de la côte de Gammarth, et donc à quelques minutes du palais. Houssem, propriétaire du restaurant Le Brauhaus 209, lui aussi en proie aux flammes, est le neveu de Leïla. Prise de panique, cette dernière téléphone aussitôt aux membres de sa famille. « Quittez immédiatement le pays ! » les supplie-t-elle, avant de presser son mari d’en faire autant, et tout de suite. « La situation est de plus en plus grave », lance Seriati en présence de deux des trois filles de Ben Ali issues d’un premier mariage. Alors que Dorsaf Chiboub et Ghazoua Zarrouk s’empressent de rentrer chez elles pour se mettre à l’abri, leur père ne manifeste pas la moindre intention de partir. Seriati lui conseille alors de prendre le large. Laissez-moi le temps de mater la révolte et de vous préparer ensuite un accueil triomphal, lui souffle-t-il. L’état-major est d’accord pour que vous partiez avec votre femme et vos enfants, mais sans les autres membres de la famille Trabelsi. Abattu, Ben Ali se résigne. Mais où aller ? Juste avant 15 heures, il téléphone à Nayef Ben Abdelaziz Al Saoud, le ministre saoudien de l’Intérieur, pour lui annoncer son arrivée dans la nuit. Nayef lui répond qu’il est son invité. Depuis l’époque où ils étaient membres du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur, dont le siège permanent est à Tunis, les deux hommes ont noué des liens solides.
    Contrairement à ce qui a parfois été dit ou écrit, il n’a jamais été question que Ben Ali et les siens partent pour la France, pour Malte ou pour la Grèce. Pas davantage qu’ils se réfugient à Djerba ou à Tripoli. Le plan de vol porte sur un trajet direct Tunis-Djeddah en vue de la Omra, le petit pèlerinage sur les lieux saints, en Arabie saoudite.
    À 15 heures, la présidence donne l’ordre de préparer l’avion pour un départ à 17 heures, l’heure à laquelle le couvre-feu imposé par l’armée entrera en vigueur. L’équipage dispose de moins de deux heures pour se regrouper sur la base aérienne d’El-Aouina. De manière inhabituelle, on ne lui a pas communiqué les noms de code des passagers (VIP-1 pour Ben Ali, VIP-2 pour Leïla et VIP-3 pour leur jeune fils).
    Comme le chef de l’État se rend rarement à l’étranger et que, de surcroît, on est en pleine révolte, seules VIP-2 et sa suite sont censées monter à bord. Ce qui n’est guère pour surprendre : depuis plusieurs années, Leïla utilise cet appareil pour ses fréquents déplacements – voyages d’affaires, vacances ou shopping – à travers le monde, notamment dans les capitales européennes et dans les pays du Golfe, avec une prédilection pour Dubaï et, occasionnellement, pour la « Omra-shopping ». Mais cette fois, Ben Ali est bel et bien en tête du petit groupe de passagers.
    En quittant le palais peu avant 17 heures, il n’a dit au revoir à aucun de ses proches collaborateurs. Abdelaziz Ben Dhia, son ministre d’État, qui était aussi son conseiller politique numéro un et son porte-parole, n’en revient toujours pas. « Je ne l’avais pas vu depuis la veille – le jeudi 13 – à 9 heures du matin, lorsqu’il m’a demandé d’aller à la Chambre des députés pour assister au débat auquel participait le Premier ministre, raconte-t-il à J.A. À aucun moment il ne m’a ensuite contacté ou informé de ses projets de départ. Le lendemain, peu après 17 heures, l’aile du palais réservée à ses conseillers et où se trouvait mon bureau était quasiment vide. Alors, comme c’était l’heure du couvre-feu, je suis rentré chez moi. Je me suis installé devant la télévision au moment où elle annonçait qu’elle allait diffuser une information importante. C’est ainsi que j’ai appris qu’il venait de quitter le pays. »
    Sur la base d’El-Aouina, l’ambiance est pesante. Arrivés dans une Mercedes noire blindée suivie de trois 4x4 également noirs, Ben Ali, Leïla, leur fils unique Mohamed (6 ans), leur fille Halima (18 ans) et son fiancé Mehdi Ben Gaied (23 ans), ainsi que la gouvernante, embarquent dans le Boeing 737 présidentiel. Tous sont visiblement angoissés mais silencieux. Une fois à bord, l’émotion submerge les fuyards. Ce sont les nerfs de Ben Ali qui lâchent en premier. Il se met à sangloter. Leïla craque à son tour. « Pourquoi pleurez-vous ? » ne cesse de leur demander l’enfant, gagné par leur chagrin. Halima fond en larmes. Son fiancé la console. La scène se déroule sous les yeux de la gouvernante et sous ceux, discrets, d’une partie des cinq membres de l’équipage, composé du commandant de bord, du copilote, d’un mécanicien, d’une hôtesse et d’un steward. Le plein de kérosène complété, le Boeing aux couleurs de la République tunisienne immatriculé TS IOO – « Oscar Oscar » pour les initiés – roule en direction de la piste 29 de l’aéroport de Tunis-Carthage, mitoyen avec la base. À 17 h 45, le signal du décollage est donné. L’appareil met le cap vers le sud, avant de virer vers l’est au niveau de Monastir, à 170 km de là, et de prendre la direction de Djeddah.
    Pendant que ses proches prennent leurs aises dans le salon et que Leïla se repose dans la chambre aménagée à bord, Ben Ali s’installe dans le cockpit. Il ne le quittera à aucun moment. Le pilote – derrière qui il a pris place – et le copilote le sentent stressé et devinent qu’il a une arme. Craint-il qu’on leur donne l’ordre de rebrousser chemin afin de le ramener à Tunis ? Qu’ils changent de direction ? Plusieurs fois dans la nuit, il leur demandera quel pays ils sont en train de survoler.
    Comme Idi Amin Dada
    L’atterrissage est risqué : depuis plusieurs jours, Djeddah est noyé sous une pluie battante. Le pilote profite d’une ouverture dans la couche de nuages pour se poser, vers 1 heure du matin, heure locale. Soulagé, Ben Ali dénoue sa cravate. À sa descente d’avion, il se tourne vers les membres de l’équipage et lance, bravache : « Ne vous éloignez pas les gars, je serai bientôt de retour ! »
    Le représentant du protocole saoudien le gratifie d’un « bienvenue, Excellence Président ». Le chef de l’État déchu et sa suite sont alors conduits jusqu’à l’un des palais qui ont vu défiler, entre autres dictateurs exilés, l’Ougandais Idi Amin Dada – qui y est mort en 2003. Pendant ce temps, les passeports des membres de l’équipage sont examinés selon les formalités d’usage. Ces derniers seront ensuite transférés, leur dit-on, dans un grand hôtel de la ville où ils sont censés passer le reste de la nuit. Alors qu’on leur sert des rafraîchissements dans un salon de l’aéroport, ils apprennent à la télévision que, à Tunis, le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, vient d’être intronisé président par intérim. Ils téléphonent aussitôt au PDG de la compagnie nationale Tunisair, leur supérieur hiérarchique, pour l’informer des allusions de Ben Ali sur un possible retour et lui font part de l’intention des Saoudiens de les garder à Djeddah. Après consultation avec les nouvelles autorités, le patron de Tunisair les rappelle et leur transmet l’ordre de rentrer immédiatement à Tunis avec leur avion. Ce qui fut fait.
    Le témoignage de Ben Dhia – qui, après Ben Ali, était le personnage le plus important du régime – est crucial. Il confirme que, le 14 janvier, le raïs se trouvait isolé, prisonnier de ses tête-à-tête avec le général Seriati et Leïla. Il signifie aussi qu’une fois le couple parti, et aucune instruction n’ayant été donnée ni à Ben Dhia ni à Ghannouchi, Seriati devenait ipso facto l’homme fort du pays. On n’a pas de détails sur ce dont Ben Ali était convenu avec son sécurocrate. Mais Seriati était à la fois le chef de la garde présidentielle – mieux entraînée et équipée que l’armée –, le patron des chefs des services de police, et aussi celui qui, en pratique, supervisait l’armée pour le compte de la présidence. Doté de tels pouvoirs, il était donc le mieux placé pour mater la révolte populaire.
    Mais roulait-il pour Ben Ali ou pour lui-même ? Circonspecte et très bien informée, la hiérarchie militaire s’est sans doute posé cette question en voyant l’avion de Ben Ali décoller. Elle choisira d’arrêter sur le champ le probable nouvel homme fort, avant qu’il ne facilite le retour de Ben Ali au pouvoir… ou ne s’en empare lui-même. Le soir même, Seriati était appréhendé et placé en détention sur la base d’El-Aouina, d’où était parti Ben Ali.


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  • Les nouvelles technologies, qu'il s'agisse des réseaux sociaux sur internet, des caméras logées dans les téléphones portables ou des moyens de transmission télévisée par satellite, sont des acteurs des soulèvements dans les pays arabes, qu'elles alimentent et font connaître.

    Des mots d'ordre sont lancés sur internet, des images sont diffusées à l'extérieur, des points de vue s'échangent, et pour les régimes autoritaires en place depuis des dizaines d'années, c'est une menace redoutable car extrêmement difficile à combattre.

    "Le plus grand facteur dans les événements en cours, à mon sens, semble être le pouvoir des jeunes qui est en train d'émerger, renforcé par leur urbanisation et leur connexion au monde via les téléphones portables", souligne Micah Sifry, co-fondateur d'un blog sur la politique et la technologie, techPresident.

    "Se pourrait-il qu'on assiste à la prise de conscience politique de la génération texto?", ajoute-t-il, notant que les réseaux téléphoniques sont bien plus important que les réseaux internet dans la région.

    Même si l'influence précise des médias sociaux dans les changements de régime en Tunisie et en Egypte, et les troubles en cours en Algérie, à Bahreïn, en Iran, en Jordanie, en Libye, au Maroc et au Yémen est difficile à évaluer, le président égyptien Hosni Moubarak et le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi ont jugé bon de geler les communications internet pour se protéger.

    Pour Alec Ross, conseiller de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton pour l'innovation, les médias sociaux ont joué "un rôle important" en Egypte et en Tunisie, mais pour autant, "la technologie n'a pas créé les mouvements de protestation".

    Même si un cadre égyptien de Google, Wael Ghonim, a été l'un des initiateurs du mouvement ayant conduit au renversement de Hosni Moubarak avec une page Facebook, "il ne s'agit pas de révolutions Facebook ni de révolutions Twitter", martèle M. Ross dans un entretien à l'AFP.

    "La technologie a servi d'accélérateur", ajoute-t-il. "Un mouvement qui par le passé aurait pris des mois ou des années a été comprimé en un laps de temps bien plus court".

    En Egypte en particulier, les médias sociaux ont permis de rassembler des gens issus de divers milieux: "après être entrés en contact en ligne, ils avaient plus de chance de se retrouver" dans la vraie vie, selon M. Ross, qui note aussi que l'absence de leaders reconnus reflète l'influence des technologies.

    "Le Che Guevara du 21e siècle, c'est le réseau", ajoute-t-il, "ce n'est plus un personnage révolutionnaire charismatique qui inspire et organise les foules".

    Hors de ces pays, les groupes technologiques veillent à garantir aux populations locales leurs moyens de communication, à l'image de Google s'associant à Twitter pour permettre aux Egyptiens de transmettre par téléphone des messages sur le réseau d'échange de microblogs.

    Certains médias se font aussi relais, comme la radio publique américaine NPR (National Public Radio) dont un "stratège des médias sociaux", Andy Carvin, se fait systématiquement l'écho sur Twitter des messages envoyés par les témoins des troubles pour raconter les événements, fournissant un nouveau type de travail journalistique.

    "Souvent ce que j'entends (des témoins anonymes s'exprimant sur Twitter) semble refléter ce que disent les gens publiquement (...), et puis en général quelques heures plus tard les sources des médias classiques disent à peu près la même chose. Donc jusqu'à présent c'est assez fiable", a estimé M. Carvin lors d'une émission diffusée lundi soir sur NPR.

    "Il faut vraiment prendre certaines choses avec prudence, mais en même temps se rendre compte que (les internautes) font de leur mieux. Ils ne sont pas des journalistes professionnels, ils essaient juste de faire sortir l'information le plus vite possible", ajoute-t-il.


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  • Un Mouammar Kadhafi très menaçant. Alors que les manifestations, violemment réprimées par le régime, continuent en Libye, Mouammar Kadhafi s'est exprimé pour la première fois en direct sur la télévision d'Etat, mardi 22 février. Il a menacé les manifestants armés de la peine de mort et appelé ses partisans à descendre dans la rue.

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    Dans son discours, le dirigeant libyen a rejeté d'emblée les appels à son départ du pouvoir, clamant : "Mouammar Kadhafi n'a pas de poste officiel pour qu'il en démissionne. Mouammar Kadhafi est le chef de la révolution, synonyme de sacrifices jusqu'à la fin des jours." Il a longuement parlé de la situation à Benghazi, épicentre de la révolte, y revenant à plusieurs reprises, opposant les habitants de cette ville au reste des Libyens, dans un ton très proche d'un appel à la guerre civile.

    "On aurait pu utiliser des chars et des avions. On va commencer ce travail cette nuit", a-t-il indiqué, sans que l'on sache ce qu'il entendait par là. Des témoignages ont déjà fait état de bombardements sur plusieurs villes libyennes en début de semaine. Imperturbable, Mouammar Kadhafi a promis de mater la révolte même si cela nécessite de "purger la Libye maison par maison".

    Le dirigeant, au pouvoir depuis 1969, a appelé l'armée et la police, mais aussi ses partisans, à reprendre la situation en mains pour "rétablir l'ordre". Il a martelé la nécessité de se tourner vers les comités populaires, établis lors de son arrivée au pouvoir : "En Libye, on ne manifeste pas dans les rues, on va aux comités populaires."

    Selon un tableau présenté mardi soir par le pouvoir en place, les violences ont fait 300 morts – 242 civils et 58 militaires – dans le pays. Près de la moitié des victimes ont été recensées à Benghazi, foyer de l'insurrection. Il s'agit des premiers chiffres officiels sur les victimes de la révolte populaire entamée il y a une semaine. D'après Human Rights Watch, la répression a fait au moins 62 morts dans la capitale Tripoli depuis dimanche, s'ajoutant à un bilan de 233 morts donné par l'organisation lundi matin.

    A Tobrouk, "tous les symboles du régime sont détruits". Cécile Hennion, envoyée spéciale du Monde, est arrivée en fin d'après-midi, mardi 22 février, à Tobrouk, ville libyenne située à une centaine de kilomètres de la frontière avec l'Egypte. Elle a pu franchir un point de passage vers lequel affuaient des centaines de travailleurs égyptiens fuyant la Libye.

    Le long de la route côtière menant à Tobrouk, elle a noté la destruction de tous les symboles du régime, dont les monuments rappelant le Livre vert du "guide" de la révolution, et le remplacement du drapeau vert de la Jamahiriyya ("Etat des masses") par l'oriflamme tricolore de l'indépendance libyenne, en 1951.

    Selon les témoignages qu'elle a recueillis sur place, la ville s'est soulevée cinq jours auparavant. Une place de la ville a été rebaptisée du nom d'une victime de la répression du régime, dans les années 1980. Une partie de l'armée aurait pactisé avec l'opposition. En fin de journée, des informations provenant de la rébellion qui a pris le contrôle de la ville de Benghazi, à plus de trois cents kilomètres à l'ouest de Tobrouk, faisaient état de tirs à l'arme lourde de la part des forces restées loyales au colonel Kadhafi.

     

    La chancelière allemande Angela Merkel a de nouveau appelé à  "l'arrêt de la violence", jugeant l'intervention du colonel  Kadhafi "effrayante".

    La chancelière allemande Angela Merkel a de nouveau appelé à "l'arrêt de la violence", jugeant l'intervention du colonel Kadhafi "effrayante".AFP/MICHAEL GOTTSCHALK

    Merkel : une intervention "effrayante". A l'issue du discours, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a estimé que l'utilisation de la violence dans le pays est "totalement inacceptable". La chancelière allemande Angela Merkel a de nouveau appelé à "l'arrêt de la violence", jugeant l'intervention du colonel Kadhafi "effrayante". Silvio Berlusconi a eu Kadhafi au téléphone mardi, selon l'agence de presse officielle libyenne Jana, qui déclare : "Le dirigeant frère a rassuré son ami Berlusconi, en lui disant que la Libye allait bien et que son peuple […] était garant de la sécurité, de la stabilité et de l'unité nationale."

    La Ligue arabe a quant à elle annoncé que la participation de la Libye aux réunions de l'organisation panarabe était suspendue. Lors de leur réunion au Caire, les représentants des vingt-deux pays arabes ont également indiqué qu'ils allaient recommander à la réunion ministérielle de la Ligue, le 3 mars, d'envisager la suspension de la Libye "en tant que membre" de cette instance.

    Dans la soirée, le Conseil de sécurité de l'ONU était toujours réuni à New York. Les Occidentaux veulent que "des mesures rapides et claires" soient annoncées. Bien que la Chine et la Russie s'opposent traditionnellement à toute ingérence dans les affaires intérieures d'un pays, "tout le monde reconnaît qu'il s'agit d'une situation très grave et que la violence a atteint un niveau choquant", a indiqué un diplomate sous couvert de l'anonymat.

    Défections diplomatiques et politiques. Des diplomates libyens se sont élevés contre le régime au pouvoir dans leur pays, encourageant l'armée libyenne à renverser le "tyran" Kadhafi, qu'ils accusent de "génocide" contre son peuple. Fait important, le ministre de l'intérieur libyen a fait défection au régime peu après le discours de Kadhafi. Il a annoncé son soutien à la "révolution du 17 février", selon la chaîne Al-Jazira. Le ministre a exhorté l'armée à passer dans le camp du peuple et à répondre à ses "exigences légitimes".

    Dans les heures précédant l'intervention du dirigeant libyen, les réactions internationales se sont multipliées pour condamner la violence à l'égard des manifestants. La haute commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a exigé l'ouverture d'une "enquête internationale indépendante" sur les violences, évoquant de possibles "crimes contre l'humanité".

    Les rapatriements continuent. Plusieurs pays étrangers, dont la France, le Royaume-Uni ou encore l'Allemagne, ont annoncé qu'ils rapatriaient leurs ressortissants. Paris a ainsi décidé d'envoyer trois avions militaires à Tripoli. L'un d'eux n'a pas pu se poser à Tripoli et a été dérouté vers Malte.

    Les ressortissants des pays voisins, eux, se pressent aux frontières : plusieurs milliers de Tunisiens ont fui la Libye ces dernières heures, la plupart par la frontière ouest. La Tunisie compte au total trente mille ressortissants en Libye. A l'autre bout du pays, des centaines d'Egyptiens – ils sont environ un million et demi d'expatriés –, entassés sur des tracteurs et des camions, ont afflué au point de passage de Saloum.

    Des Tunisiens expatriés en Libye attendent une distribution de  vivres.

    Des Tunisiens expatriés en Libye attendent une distribution de vivres.AFP/LIONEL BONAVENTURE

     

    La production de pétrole affectée. Plusieurs groupes pétroliers ont annoncé la suspension de leur activité. La production d'hydrocarbures en Libye a commencé à ralentir mardi, risquant de déstabiliser encore plus un marché du pétrole déjà fébrile. Les cours du brut pointent à des niveaux records depuis 2008. Mardi, à l'ouverture du marché à New York, le cours du baril a gagné plus de 8 %.

    Les promesses rassurantes du premier producteur de pétrole de l'OPEP, l'Arabie saoudite, ne semblent pas apaiser les marchés. "L'Arabie saoudite a une bonne capacité excédentaire et y a eu recours lorsque cela s'est avéré nécessaire par le passé", a assuré le vice-ministre saoudien du pétrole, Abdelaziz Ben Salman. En France, le litre de gazole à la pompe s'est vendu à plus de 1,30 euro, son plus haut niveau depuis septembre 2008.


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  • L'état d'urgence, instauré en Algérie en février 1992 pour lutter contre la guérilla islamiste, devrait être levé par une ordonnance dont l'entrée en vigueur est "imminente", a annoncé mardi 22 février un communiqué du conseil des ministres algérien.

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    "Un projet d'ordonnance abrogeant le décret législatif du 6 février 1993 portant prorogation de l'état d'urgence, institué par décret présidentiel du 9 février 1992, a été adopté mardi par le conseil des ministres", selon le texte. "Ce projet d'ordonnance entrera en vigueur dès sa publication imminente au Journal officiel", précise le communiqué.

    Après à la chute des régimes Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte, des organisations de l'opposition algérienne appellent à manifester chaque samedi jusqu'à la démission du gouvernement.

    Suivant une annonce en ce sens du président Abdelaziz Bouteflika le 3 février, le ministre des affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, avait déclaré lundi 14 février que l'état d'urgence instauré en 1992 serait levé "dans les prochains jours". Il a précisé qu'il s'agissait d'"un retour à l'Etat de droit qui permet de manière totale l'expression des opinions, mais toujours par référence à la loi. Les mesures exceptionnelles prévues par l'état d'urgence pourront être levées, mais la lutte contre le terrorisme sera encadrée par des lois".


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