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  • Le 17 et 18 mars, France 2 diffusera deux documentaires : Le jeu de la mort et Le temps de cerveau disponible qui posent des question importantes. S’il est évident qu’il ne faut pas croire que France 2 sera capable de faire son auto-critique, et qu'elle reproduit toutes les perversités de la télévision en diffusant ce programme, l’émission permet de s’interroger sur une chose: Jusqu’où peut aller la télévision ?

     

    Le principe du jeu 

    Christophe Nick, auteur, réalisateur et producteur, recrée dans ce document, les conditions d’un jeu dont la cruauté est poussée à l’extrême. Deux candidats jouent dont l’un des deux est relié à des fils électriques. 27 questionsSi le candidat se trompe, l’autre lui inflige des décharges électriques. D’abord de 20 volts, pour arriver à 460 volts. Celui qui les inflige, ignore que l’autre candidat n’est qu’un comédien.

     

    Une expérience déjà réalisée

    Ainsi, Christophe Nick s’inspire de l’expérience scientifique des années 60, celle du psychologue américain Stanley Milgram qui voulait évaluer le niveau de pouvoir d’une autorité sur les individus.

    Le psychologue avait confronté deux personnes, mais cette fois-ci au motif d’une étude sur la mémoire. La première infligeait des décharges électriques à la demande d’un scientifique.

    Le but ?

    Montrer à quel point l’on peut se soumettre à l’autorité de la science. 62% des candidats s’étaient soumis aux ordres.

    Aujourd’hui, Christophe Nick a voulu montrer jusqu’où les gens pouvaient aller et à quel point pouvaient-ils obéir à la télévision. 81% des candidats se sont soumis à cette autorité contemporaine. 81% des candidats ont donc infligé des décharges électriques atteignant 460 volts.

     

    Une autorité télévisuelle assise et incontestée

    La télévision a évolué. Le comportement des individus aussi. Comment ne pas s’interroger sur son pouvoir, lorsque l’on sait qu’elle est regardée en moyenne 3H30 par jours. Soit 14 années d’une vie entière.

    Il y a dix ans, naissait sur les ondes, la première émission de téléréalité : Loft Story. Nous assistions aux premiers émois, aux premières critiques face à ce que l’on considérait alorscomme les débuts du voyeurisme et de l’exhibition hertzienne. Or, dix ans après, le Loft n’est rien, si ce n’est un symbole : celui du début d’une dégradation morale et intellectuelle de nos programmes télés, qui ne cesse de se développer.

    Et dans dix ans, qu’aurons-nous inventé de pire que Loft story,Fear Factor, Il n’y a que la vérité qui compteLa ferme célébrité,Confession intimeTout une histoireLe maillon faible… ?

    Ces mille et une émissions qui nous confortent dans notre individualisme et notre narcissisme.

    Il y a donc dix ans que naissaient ces émissions et l’idée omniprésente dans le même temps,  de l’élimination et de la compétition à la télévision.

    Il faut éliminer, écraser, humilier !

    Votez téléspectateurs, pour celui que vous détestez le plus !

    Celui qui a déjà regardé Le maillon faible, a pu constater l’ironie, voire plus souvent la méchanceté mutuelle des candidats et l’humiliation infligée par la présentatrice, Laurence Boccolini, après chaque élimination.

    Cet individualisme écrasant est-il le produit de la télévision ou la transposition à l’image de la réalité de notre société ?

    Ces valeurs que sont la compétition, l’individualisme, la détestation de l’autre, l’arrivisme sont également des réalités sociales. Des réalités qui,  à l’évidence, découlent de l’idéologie libérale dominante. La compétition qu’il peut y avoir à Khoh-Lanta ou À la recherche de la nouvelle star n’est pas sans rappeler celle des entreprises du Cac 40 et notamment celle morbide de chez France Télécom. Ecraser l’autre, pour triompher, tel est le message de ces émissions. Tel est le message de la société.

     

    Un voyeurisme proclamé

    Alors qu’auparavant, la société reposait sur des non-dits, des tabous, et des interdits, la télévision a permis d’abaisser les barrières morales, de laisser au fur et à mesure nos pulsions se renforcer face à des programmes toujours plus abjects.

    Que Loana et Jean-Edouard fassent l’amour dans la célèbre piscine du Loft, choquait encore quelques esprits il y a dix ans. Mais aujourd’hui ?

    On ne saurait guère plus  s’étonner en zappant, de tomber sur les débauches sexuelles de l’Île de la tentation, le voyeurisme deConfessions intimes ou de Toute une histoire, et la bêtise de La Ferme Célébrités ou de Secret Story (émission qui n’a pour seule finalité que de recruter des personnes ne sachant pas aligner plus de deux phrases en français correct).

    Petit à petit, l’idée de transgression s’efface, les limites de l’indécence reculent pour laisser place au toujours plus. Au toujours pire.

     

    Allons-nous imiter les émissions des autres pays ?

    Jusqu’où peut aller la télévision ? Loin, très loin, si l’on jette un coup d’œil sur les programmes étrangers.

    Une émission en Amérique Latine piège des candidats en les mettant face un cadavre pendu devant eux. Une autre découpe des morts devant la caméra.

    Ainsi, en plus des pulsions de vie qui nous animent tous mais que l’on avait pour habitude de contenir : voyeurisme, délation, élimination, délectation face à l’échec de l’autre, nous remarquons, le développement de programmes réveillant nos pulsions de mort. Programmes qui nous rapprochent indirectement de celles-ci, qui nous les montrent ou l’imitent.

     

    La bassesse morale triomphe également à travers quelques programmes américains, dont certains qui ont pour but de piéger des délinquants sexuels pour ensuite les filmer et les faire arrêter.

    On ne peut que constater avec dégoût et amertume que les valeurs télévisuelles se confondent de plus en plus avec celles de la réalité. Dénoncer devient à la mode à la télé. Tout comme dans les entreprises de Serge Dassaut qui a mis en place tout récemment un système de délation anonyme pour ses employés. Tout comme les mails anonymes de délation mis en place par un commissariat en Essonne. Les exemples sont légions.


    La télé influe-t-elle sur la société ? Où est-ce l’inverse ?

     La télévision n’est plus qu’un seul miroir de nos comportements. On s’adapte à elle, on essaye même de l’imiter, de la copier, d’arriver à la hauteur de ce que l’on peut regarder dans cette lucarne.

    Un cas flagrant illustre cela, encore faut-il être assez courageux pour supporter quelques minutes de la Ferme Célébrités actuellement sur TF1.

    En effet, Mickaël Vendetta, le célèbre et consternant créateur de la « bogossitude » traduit l’idée selon laquelle les individus peuvent adapter leur comportement sur celui mis avant par la télévision. « Je joue un personnage, un connard parce que je sais qu’il n’y a que comme ça que l’on va parler de moi » a-t-il souvent répété lors de ses apparitions. « Grâce à mon personnage Vendetta, je n’ai rien fait mais on me connaît ». Ces propos disent tout, en plus d’illustrer la névrose dont souffre ce jeune homme. Il s’efface pour laisser place à un personnage, un pur produit télévisuel.

    Combien de gens n’ont rien à dire, n’ont aucune légitimité à se pavaner sur les plateaux télé ? Et pourtant, ils sont partout, tout le temps car ils sont certifiés « bon produit télé ». François Chalais déclarait d’ailleurs, à ce propos : « Les faits sont là : il est certain que les images n’ont jamais eu autant d’effets qu’en ce moment. Autrefois, c’est vous qui faisiez les images ; et maintenant ce sont les images qui vous font ».

     

    L’obscénité et l’irrespect n’étonnent plus

    Combien de voix se sont élevées lorsque Jean-Luc Delarue a présenté une émission sur les SDF ? Emission qui était l’occasion d’exhiber des personnes sans-abri, castées telles des stars de cinéma. SDF recrutés pour leur peau claire et leur parlé défait de tout accent. Hasard fortuit ou volonté honteuse ?

    L’émission permettait entre autres que les téléspectateurs appellent pour proposer à l’un des sans-abri de l’aide, en ignorant dans le même temps tous les autres qui n’ont pu aller se montrer à la télévision. Qui n’ont pas la « gueule télé ».

     

    Des codes télévisuels qui n’épargnent pas la presse 

    Les effets pervers de certaines émissions n’ont plus de frontières. Il devient alors presque habituel que la presse soit animée, elle aussi, par des motivations sensationnalistes et voyeuristes.

    Ainsi, de plus en plus de journaux télévisés diffusent des reportages erronés ou mensongers (ex : dans un reportage de Pernaud sur TF1 qui montrait la chute des prix ou reportage de 100% Mag sur l’immobilier, tous deux mensongers).


    D’autres n’hésitent pas à courir derrière le scoop, à l’instar de certains torchons people.

    Par exemple, après le crash de l’A330 et alors que personne ne savait ce qui était arrivé à l’avion, TF1 et France 2 diffusaient des images de crash ou l’on pouvait apercevoir des chaussures et autres vêtements perdus en pleine mer. Cela choquait, cela attirait le téléspectateur. Problème : aucune légende ne précisait que les images n’avaient aucun rapport avec le Crash A 380 (puisque les médias n’avaient aucune image), mais concernait en réalité un autre accident d’avion.

    Tout récemment, Canal + lors de ses reportages sur la tempête Xinthia a donné dans le même genre macabre, pour montrer tout, au prix non pas de l’éthique, mais de la volonté de faire du chiffre. Un journaliste qui recensait les dégâts a donc interrompu son propos pour filmer en gros plan, un convoi de pompes funèbres transportant des cadavres de la tempête.

    Le souci principal des rédactions pour faire de l’audimat étant de plus en plus de créer le buzz, choquer et de marquer les esprits, à défaut de faire de l’information, de la vraie.

     

    Le jeu diffusé sur France 2 montre donc l’importance et l’autorité conférées à la télévision.

    On s’aperçoit que ses valeurs deviennent des normes, qui deviennent elles-mêmes des messages idéologiques. Il devient donc indispensable que l’on s’interroge  sur ce pouvoir qui n’a pas de contre-pouvoir. L’idée, comme l’a dit Patrick Lelay, ancien PDG de TF1, que la télévision « vend du temps de cerveau disponible » doit être questionnée. S’il est évident que la télévision ne doit pas se résumer qu’à ces seuls programmes et qu’elle en recouvre d’autres tout à fait nobles, il faut rester vigilant. Doit-t-on toujours accepter de projeter des choses à la télévision qu’on ne saurait cautionner dans la réalité ? Jusqu’où peut aller la télévision ? Voilà les vraies questions.

     

    NB : Le déroulement de l’émission débat qui suit le jeu sur France 2 traduit très bien l’idée selon laquelle la télévision à travers son animateur est toute puissante. Christophe Hondelatte l’a rappelé lui même (voir encadré).

     

    D.Perrotin


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  • TELEVISION - Le débat sur le «Jeu de la mort» a été plutôt houleux. Aperçu de vos réactions...

    Faute de faire l’unanimité, le Jeu de la mort a au moins le mérite de faire réfléchir et de faire connaître l’expérience scientifique de Milgram pour ceux qui ne la connaissaient pas. Ce qui est déjà pas mal pour un contenu subversif qui s’interroge sur le dispositif de la domination. Entre irritation et indignation, vous avez tantôt critiqué le programme, tantôt la nature humaine.

    Beaucoup applaudissent le documentaire, le trouvant instructif. «Je l'ai trouvé excellent parce qu'il permet d'expliquer une étude scientifique très complexe», commente Guyom. Mais ce point de vue sur la transposition de l’expérience de Milgram à la télévision n’est pas partagé par tout le monde. Certains doutent de sa validité scientifique. Age considère, notamment, que «les scènes dans le labo psy sont déplorables en voulant glisser sans cesse entre «pouvoir de la télé» et «désobéissance systématique». Autant l'expérience de Milgram est sérieuse et permet de mesurer le degré d'obéissance à une institution, et de démontrer qu'une administration «bien faite» peut mener aux pires crimes physiques ou psychologiques jusqu'au suicide». Il n’est pas le seul à invoquer un tel argument.

    Pour Embémol, «le protocole expérimental n'a absolument pas été respecté car on n’a pas dit combien de personnes parmi celles qui étaient prêtes à participer à une émission de télé-réalité (ce qui limite déjà pas mal le pourcentage potentiel) ont refusé de continuer à envoyer des décharges électriques. Le chiffre de 81% (ceux qui sont allés jusqu'au bout) est donc à prendre avec réserve».

    Un constat sur l’homme

    Le débat s’est surtout centré sur les résultats de l’expérience, à savoir que 81% des candidats sont allés jusqu’à infliger la décharge maximale. D’abord, vous ne comprenez pas comment ils ont pu y croire. «Il y a surtout 20% de personne très naïves qui pensent que l'ont peu vraiment envoyer des chocs électrique dangereux à une personne sur un plateau TV», critique O_o.

    Ensuite, vous envisagez difficilement qu’autant de gens puissent aller jusqu’au bout. «Qu'en penser? que la nature humaine n'est justement pas très humaine! J'étais sidérée de voir ces personnes sourire du supplice qu'elles infligeaient à «l'autre» candidat», s’insurgent Lolo. Et lorsque certains internautes invoquent la méchanceté des candidats sélectionnés à l’émission, vous répondez que vous ne pouvez pas savoir comment vous auriez réagi à leur place comme cccclhymen: «J'ai trouvé l'émission passionnante et je me suis rappelé des paroles de Goldman dans «Né en 17 à Leidenstad»

    Enfin, vous vous résignez à accepter le terrible constat sur la nature humaine, comme JamesDouglas: «Peu importe l'expérience, l'être humain est incontestablement égoïste et, de ce fait, il est une proie assez facile pour une autorité.» En somme quelque soit votre avis sur la question, vous réagissez plutôt violemment.


    L. B.

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  • Depuis trois semaines, Sawsen Maalej, 33 ans, la décapante humoriste de Ness Nessma, émission phare de Nessma TV, est au cœur d’un buzz retentissant pour cause de dérapage de langage. Les personnages que campe cette actrice de formation – Madame Gabsi, Sassia ou Anissa Poussette – sont les héroïnes d’une satire sociale piquante comme une sauce tunisienne.

    Lors de l’émission du 23 février, pastichant le phrasé des poèmes épiques bédouins, Sawsen se lance en direct dans une ode laudative de Fawez Ben Tmessek, animateur de l’émission. Chute de l’élégie : « Et 50 centimètres dans son caleçon. » La chose n’est certes pas du meilleur goût et n’aurait été qu’une saillie peu reluisante si elle n’avait provoqué un tsunami de réactions outrées. Radio-trottoir, téléphone arabe, Facebook, blogs et presse écrite se déchaînent, dénonçant, parfois avec force insultes, la malheureuse Sawsen. Les moralisateurs de tout poil, sous forme de barbe de préférence, invoquent la bienséance, oubliant que la rue charrie au quotidien des expressions bien plus vulgaires.

    Le public tunisien rit pourtant de bon cœur : le blasphème et les attaques politiques étant impensables, reste le sexe. Ce même public ne s’offusque d’ailleurs pas des torrides créations théâtrales d’un Lotfi Achour. C’est à croire, cette fois, que le machisme ambiant a eu raison du sens de l’humour. Tout ça pour quelques centimètres de trop…


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  • Que les futurs clients d’Orange Tunisie se rassurent. Ils seront partout joignables sur leur téléphone grâce à la couverture de Tunisie Telecom. De plus, leur réseau sera «costaud» puisque Tunisiana leur louent ses fibres optiques. Petit bémol : la couverture 3G sera très limitée.

    Orange Tunisie prépare encore son lancement commercial. Quelques hauts cadres de l’entreprise (filiale Planet incluse), se sont vus proposer une ligne professionnelle avec le préfixe 50 avec en prime un téléphone offert par la boite. Ils ont gentiment été invités à délaisser ceux de Tunisiana et de Tunisie Telecom et à adopter Orange comme numéro professionnel. Ils participeront également au programme d’évaluation qui permettra de tester les services de l’opérateur, notamment en 3G, avant son lancement commercial effectif.

    Une fois qu’ils auront leurs lignes fonctionnelles, ils pourront appeler tous les numéros nationaux et internationaux mais ils ne pourront être joignables dans l’immédiat. D’après nos sources, Tunisiana n’a pas encore finalisé la programmation de ses serveurs pour router les appels vers le réseau d’Orange. Du côté de Tunisie Telecom, les switchers de l’opérateur historiques sont peu à peu mis à jour. Il est ainsi possible à quelques numéros de Tunisie Telecom mobile à proximité du central de la Kasba d’appeler leurs homologues «Orangiens».

    La primauté de l’interconnexion avec Orange revient donc à l’opérateur historique. Mais ceci n’est pas le fruit du hasard, ni encore moins dû à une réactivité exceptionnelle du département technique de Tunisie Telecom. Orange Tunisie a en effet signé un contrat de roaming national avec l’opérateur historique.

    En termes plus clairs, la couverture réseau 2G/3G d’Orange Tunisie est encore très limitée sur le territoire tunisien. Pour que leurs abonnés ne soient lésés en se déplaçant dans une zone blanche non couverte, Orange a préféré collaborer avec sa rivale Tunisie Telecom pour que le réseau de cette dernière accepte les cartes SIM d’Orange. Les clients du nouvel opérateur pourront ainsi utiliser les ondes GSM de Tunisie Telecom pour rester joignable.

    Grâce à cette convention, Tunisie Telecom s’est garanti une source de revenu «facile». D’autres y voit une coalition stratégique contre Tunisiana. Et ce, d’autant plus que des mauvaises langues affirment qu’Orange Tunisie aurait refusé de collaborer avec cette dernière. A ceux-là, M. Yves Gautier, P-DG de Tunisiana rétorque : «ils n’ont pas refusé. Orange avait le choix entre nous et Tunisie Telecom, et leur choix s’est finalement porté sur l’opérateur historique. Ceci dit, Tunisiana collabore aussi avec Orange. Nous leur louons quelques fibres optiques».

    Que les futurs clients d’Orange se rassurent donc. Ils seront joignables sur leur téléphone 24h/24 et partout en Tunisie grâce à la couverture de Tunisie Telecom. Leur réseau sera également aussi «solide» que Tunisiana puisque celle-ci leur loue ses fibres, justement. Petit bémol : En cas de non couverture d’Orange, les clients 3G ne pourront pas utiliser ce service vu que Tunisie Telecom n’a pas la licence 3G. Reste à savoir maintenant si Tunisie Telecom arrivera à supportera le surplus d’activité sur son réseau en accueillant les abonnés d’Orange mobile.

    Welid Naffati


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