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  • Deux heures après le feu vert du sommet international de Paris à une opération militaire pour stopper les forces de Kadhafi, des avions français ont ouvert le feu samedi à 17h45, détruisant plusieurs blindés libyens.

    L'opération en Libye a donc commencé, avant même l'issue du sommet de Paris. Partis de France samedi en fin de matinée, une vingtaine d'avions de combat français -Rafale et Mirage, conçus pour des missions de bombardement, de reconnaissance et de défense aérienne- et des avions de surveillance Awacs appartenant à d'autres pays survolent la Libye depuis samedi après-midi sur une zone de 150 km sur 100 autour de la ville de Benghazi, bastion des rebelles libyens. Puis, à 17h45, les appareils français ont ouvert pour la première fois le feu sur un véhicule militaire libyen qui a été "détruit", a annoncé le ministère de la Défense. Ils ont ensuite détruit d'autres blindés libyens. Ils s'agit au total de quatre chars, selon Al Djazira. Les avions français "empêchent des attaques aériennes contre Benghazi" et "sont prêts à intervenir contre des blindés qui menaceraient des civils désarmés", avait affirmé deux heures auparavant Nicolas Sarkozy.

    Une déclaration du président français faite à l'issue du sommet international de "soutien au peuple libyen" réunissant à Paris pays européens, arabes et nord-américains et le chef de l'ONU. Au total les représentants de 22 pays et organisation étaient là. Et voici ce qui a été décidé. Car "il est temps de passer à l'action", a résumé le Premier ministre britannique David Cameron. "Les participants sont convenus de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires, en particulier militaires, pour faire respecter les décisions du conseil de sécurité des Nations Unies", la résolution 1973, a affirmé le chef de l'Etat français. "Notre coalition est prête à agir" en Libye, a ensuite commenté Barack Obama, en déplacement au Brésil et représenté à Paris par Hillary Clinton. 

    L'avertissement à Kadhafi lancé par Nicolas Sarkozy à l'issue du sommet est resté sans réponse. Le président français avait lancé au leader libyen qu'il était encore temps pour lui d'échapper à la solution de force en respectant "sans délai et sans réserve" la résolution de l'Onu pour "éviter le pire". "La porte de la diplomatie" se rouvrira lorsque les agressions contre la population "cesseront" en Libye, a ajouté le chef de l'Etat. Dans la matinée, dans un message adressé à la France et aux autres pays de la coalition, le leader libyen avait lancé aux Occidentaux qu'ils "regretteront" toute intervention militaire et ingérence en Libye (lire notre article > Kadhafi met en garde les Occidentaux).  

    Qui participe ?

    Les participants du sommet de Paris auront des "contributions différenciées", selon le communiqué final. La France, la Grande-Bretagne et le Canada feraient partie de la première vague et les Etats-Unis suivraient rapidement. Au cours de la réunion de Paris, le Qatar a confirmé son intention de participer aux opérations militaires, selon des diplomates. Outre la France et la Grande-Bretagne, leaders dans cette offensive diplomatico-militaire en Europe, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège, ont confirmé leur participation. Le porte-avions français Charles-de-Gaulle, devrait d'ailleurs, selon le ministère de la Défense, quitter dimanche sa base de Toulon en direction de la Libye, à moins de deux jours de mer de là. Le Canada a annoncé l'envoi de 7 avions de chasse pour cette opération.

    La position des Etats-Unis, qui soutiennent cette opération, n'est pour l'instant pas clairement définie. Les Américains "vont apporter des capacités à l'effort militaire", a affirmé Hillary Clinton, refusant d'en dire plus. L'Italie offre "pour le moment" ses bases militaires en vue de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, mais n'exclut pas une participation plus importante dans un second temps, a déclaré à Paris Silvio Berlusconi cité par l'Ansa. La Grèce pourrait en outre mettre à disposition de la coalition des bases.

    En revanche, l'Allemagne, abstentionniste du vote de la résolution onusienne, n'en sera pas. Comme prévu. La chancelière allemande, Angela Merkel, l'a confirmé à Paris. Si son pays "ne prendra pas part à l'opération sur le plan militaire", il y participera de manière indirecte : "nous assumerons des responsabilités supplémentaires en Afghanistan". Comprenez : envoyer des avions de surveillance là-bas ce qui permettra aux Etats-Unis de dégager leurs propres avions pour les envoyer en Libye. La Russie, également abstentionniste à l'Onu en ne faisant donc pas valoir son droit de veto, a regreté samedi l'intervention armée étrangère en Libye. 

    L'intervention consisterait d'abord à viser des bases aériennes et des objectifs autour de Tripoli, pour ensuite clouer au sol l'aviation libyenne, détruire ses systèmes de défense anti-aérienne, couper les communications des forces de Kadhafi et entraver leurs déplacements.

    Par Diane Heurtaut TF1

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  • Samedi un peu avant 9 heures, le bruit menaçant d'un avion de chasse remplit d'écho le ciel au dessus de Benghazi. Il tourne de plus en plus bas. Puis soudain, une déflagration et une boule de feu.

    Le Mig-23 s'enflamme, plonge en torche vers le sol. Le pilote s'éjecte peu avant le crash mais son parachute n'a pas le temps de s'ouvrir. L'appareil s'écrase dans une gerbe de flammes sur une maison de la banlieue sud de Benghazi.

    Les combattants en ville explosent de joie: «Allah akbar, Allah akbar», s'écrient-ils en levant leurs armes au ciel. En fait, des responsables de la rébellion révéleront quelques heures plus tard que l'avion abattu appartenait aux forces insurgées. Qui a tiré? Les forces de Kadhafi, qui sont aux portes de la ville? Les insurgés eux-mêmes qui souffrent de problèmes de communication et de coordination endémiques? Personne ne sait exactement. Ce qu'on a coutume d'appeler le «brouillard de la guerre» est ici particulièrement épais...

    Une seule chose est sûre: la guerre est arrivée samedi à l'aube dans Benghazi. D'abord à 7h30, quand deux bombes ont été larguées, semble-t-il par avion, à hauteur de Gueremis, le dernier point de contrôle à l'entrée sud-ouest de Benghazi. Un quart d'heure plus tard, six à sept roquettes de type Grad ou Katioucha tombent sur un quartier sud de la ville, près de l'Université. Puis, un peu avant 10 heures du matin, une colonne de tanks de l'armée libyenne est vue sur un autopont, dans le quartier de Tabalino.

    «Habitants de Benghazi, n'ayez pas peur»

    La panique s'empare pour de bon de Benghazi. En fait, elle a commencé vendredi dans la soirée, l'information a commencé à circuler que l'armée de Kadhafi avait atteint Magroun, à 80 km au sud de Benghazi, sur la route d'Ajdabyia. Pourtant, ce hameau, à mi-chemin entre Benghazi et Ajdabiya, était encore calme à 16 heures. Les forces gouvernementales ont donc avancé à toute allure, empruntant peut-être par le désert pour contourner les défenses rebelles.

    Dès vendredi soir donc, la radio rebelle lançait un appel aux combattants à rejoindre le front immédiatement. A 22 heures, des dizaines de pick-ups franchissaient la sortie sud de Benghazi, équipés de canons antiaériens. Un orgue de Staline et quelques rares blindés, récupérés dans les arsenaux, étaient postés de part et d'autre de la route. «Habitants de Benghazi, n'ayez pas peur», diffusait en boucle la radio dans une ville soudain devenue folle d'inquiétude. Jusqu'à tard le soir, des bruits d'explosion sourdes ou légères ont tenu la ville en éveil.

    A l'annonce de l'entrée de tanks dans la ville, l'exode débuté la veille au soir s'accélère. «Moi je reste, je n'ai pas peur», hurle un homme faisant la queue dans une station-service. Tous les commerces sont fermés, on fait la queue devant les boulangeries. Des chebab (jeunes, NDLR) se regroupent aux carrefours. Certains prennent position au coin des bâtiments publics, d'autres mettent leur pick-up à couvert sous les arbres. Des civils sortent aux nouvelles, demandent ce qui se passent, où sont les troupes de Kadhafi. A mesure qu'on approche de la sortie de la ville, le flot de véhicules grossit. Les familles sont parties sans rien emmener. Pas le temps. Une panique indescriptible et communicative se déroule le long de la route avec le flor des réfugiés.

    «Civils, écartez-vous de la route»

    Saïd a entassé 15 personnes dans son pick-up: deux femmes et trois enfants à l'avant avec lui, tous les autres derrière, dont un vieillard aveugle: «Mais que font les Arabes, les Français, les Américains? Pourquoi ils le laissent entrer dans Benghazi? Après, ce sera trop tard.»

    Sur la route, au niveau d'Al-Marj, à 100 km à l'ouest de Benghazi, des habitants distribuent des bouteilles d'eau et des petits sacs de nourriture. Les stations services offrent l'essence gratuitement. Une voiture passe avec un haut-parleur: «Citoyens de Marj, le comité de protection de la révolution vous demande de rester vigilants. Si vous voyez des combattants ennemis dénoncez les ou capturez les! Civils, écartez vous de la route pour laisser passer les combattants qui montent au front.»

    D'après des journalistes restés à Benghazi, les chars se seraient retirés en début d'après-midi et certaines voitures faisaient demi tour, klaxons enfoncés... Tout le monde attendait anxieusement l'annonce imminente des premières frappes aériennes sur des cibles militaires libyennes.

    liberation


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