Une barre très symbolique a été franchie en début de semaine dernière dans les ordinateurs du nouveau système d'immatriculation des véhicules (SIV) : celle des 2,2 millions de voitures neuves livrées à leurs propriétaires depuis le début de l'année. Ce niveau n'avait plus été atteint depuis 2001, lorsque la fin du système de millésime (à mi-année) avait accéléré les ventes de véhicules. Tout comme novembre, qui s'était conclu sur une progression record de 48 % (avec, il est vrai, une base de comparaison très faible un an plus tôt), décembre confirme que le marché auto français a fini l'année sur les chapeaux de roue, avec un bond des immatriculations de l'ordre de 40 % entre le 1er et le 23 décembre. Durant ce dernier mois de l'année, il s'est déjà vendu 180.000 véhicules à la veille de Noël, laissant présager d'un mois autour de 220.000 ou 230.000 immatriculations, contre 154.000 un an avant, selon des sources professionnelles.
Du coup, si les deux « ponts » des fêtes de fin d'année ne changent pas trop la donne, le marché français est en route pour un volume total de 2,26 à 2,27 millions de véhicules livrés en 2009 (hors utilitaires légers), en hausse d'environ 9 % sur un an. Un niveau qui ne s'était plus vu depuis 2001, lorsque les immatriculations avaient grimpé à 2,25 millions d'unités. Depuis un bon moment, le marché français, assez stable, oscille en effet dans une fourchette comprise entre 2 et 2,1 millions de livraisons chaque année.
Deux « boosters » pour les ventes
Le millésime 2009, qui s'était ouvert dans un climat particulièrement morose avec la crise financière, les problèmes d'accès au crédit et la baisse du moral des ménages, s'achève donc dans un contexte beaucoup plus porteur, boosté par deux éléments de calendrier : la prochaine baisse de la prime à la casse, qui passera de 1.000 à 700 euros à compter du 1er janvier (sauf pour les voitures déjà commandées avant cette date), et le durcissement de la grille du bonus-malus, à la même date. Avec l'abaissement de 5 grammes des différents plafonds de CO2, une voiture neutre jusqu'à présent sur le plan fiscal pourra être frappée d'un malus. De quoi inciter les automobilistes à commander avant la date fatidique…
Les constructeurs français, plus présents dans les petites voitures, sont les principaux bénéficiaires de cette nouvelle donne. Au total, les livraisons des marques tricolores ont grimpé de 11,9 % entre le 1er janvier et le 18 décembre, tandis que les marques étrangères progressaient de 6,4 %, avec une part de marché redescendue à 46 %. Les deux dernières semaines de décembre, qui ne pèsent pas lourd dans le total, ne changeront guère la tendance.
Fort rebond de Renault
Lors de la première quinzaine de décembre, Renault a très nettement pris l'ascendant, avec un bond de 81 % de ses livraisons, contre une hausse de 43 % pour PSA. A elles seules, la Twingo et les différentes versions de Clio trustent actuellement près de 12 % de tout le marché français ! La marque soeur Dacia, avec les Logan et Sandero, complète le travail. Chez PSA, la première moitié de décembre est plus favorable au réseau Peugeot (+ 61 %) qu'à Citroën (+ 24 %). Alors que la marque aux chevrons attend beaucoup de la nouvelle C3, celle au lion réalise ses plus gros volumes avec les 207, 308, 107 et 206 Plus.
Les usines des constructeurs français tournent, certes, à un rythme plus poussé que celui de la fin 2008, marquée par de longues semaines de chômage partiel, mais la croissance est surtout tirée par les modèles réalisés dans des pays à bas coûts de main-d'oeuvre, comme la Slovaquie, la Slovénie ou la Turquie. Quant à la Renault Mégane, elle est assemblée en Espagne. La prime à la casse, si elle bénéficie indéniablement aux marques tricolores, a donc moins d'effets dans l'Hexagone au plan social.
DENIS FAINSILBER, Les Echos