• Une armée sous tension avant le défilé du 14-Juillet

    Des milliers de soldats vont défiler ce lundi devant Nicolas Sarkozy et une quarantaine de dirigeants étrangers sur l'avenue des Champs-Elysées, à Paris, dans un contexte tendu entre la hiérarchie militaire et l'Elysée à propos de la réforme de la Défense.

    Le traditionnel défilé du 14-Juillet, fête nationale, est placé cette année sous le double thème de l'Union européenne, que la France préside actuellement, et de l'Onu.

    Il se déroulera devant la quasi-totalité des chefs d'Etat et de gouvernement ayant assisté dimanche au lancement de l'Union pour la Méditerranée, en présence du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon.

    Au-delà de ce parterre exceptionnel, ce défilé 2008 s'inscrit dans un contexte assombri par les inquiétudes liées à la réforme de la Défense présentée le mois dernier.

    A la grogne des officiers est venue se greffer celle de certains élus, protestant contre le projet de restructuration des armées voulu par Nicolas Sarkozy.

    Le premier secrétaire du Parti socialiste a invité dimanche Nicolas Sarkozy à délivrer un message de confiance aux armées.

    "A l'occasion du 14-Juillet, le président de la République serait bien inspiré d'envoyer un message de confiance aux armées et à ceux qui la servent", a déclaré sur Radio J François Hollande, pour qui "l'armée n'a pas l'impression d'être véritablement considérée par celui qui en est le chef".

    Selon un sondage publié dans le Journal du dimanche, 66% des 960 personnes interrogées par l'Ifop pensent qu'il faut maintenir les unités "car elles contribuent à la vie de ces territoires même si cela représente un coût de fonctionnement".

    Elles sont aussi une majorité (61%) à regretter le service militaire obligatoire, supprimé il y a 12 ans.

    "Il est nécessaire de moderniser notre défense nationale et les Français le savent", commente dans le même hebdomadaire le ministre de la Défense, Hervé Morin.

    MORIN RAPPELLE LE DEVOIR DE RÉSERVE DES MILITAIRES

    "Mais ils nous demandent, et ils ont raison, de ne pas desservir les territoires qui ont vécu et se sont développés autour de nos unités militaires. La réforme que je présenterai répond à ce double objectif", assure-t-il.

    Hervé Morin doit dévoiler à la fin du mois la nouvelle carte militaire. Les élus s'inquiètent de voir partir les casernes, source de revenus pour l'économie locale, après l'autre restructuration prévue, celle de la carte judiciaire.

    Nicolas Sarkozy entend supprimer 54.000 postes civils et militaires, moderniser l'armée et resserrer ses implantations.

    Fait sans précédent, un groupe d'officiers anonymes qualifiant "d'imposture" cette réforme a publié un texte signé "Surcouf" pour la dénoncer le 19 juin dans le Figaro. Dans ce texte, ces officiers jugent "déficient" le constat établi le gouvernement et estiment qu'il est "marqué par un certain amateurisme".

    La riposte de l'Elysée a été très ferme avec l'ouverture d'une enquête officielle de la Direction de la protection et la sécurité de la défense, la sécurité militaire (DPSD) afin d'identifier les responsables.

    "Les choses sont claires : les militaires ont le droit d'expression mais celui-ci est encadré par l'obligation de loyauté et le devoir de réserve", dit Hervé Morin dans le JDD.

    Le malaise des militaires s'est aussi exprimé à travers la démission spectaculaire du chef de l'armée de terre, le général Bruno Cuche, après un accident lors d'une démonstration de l'armée qui a fait 17 blessés à Carcassonne le 29 juin.

    Autre source d'irritation : la présence du président syrien Bachar al Assad, invité controversé du défilé des Champs-Elysées, qui verra passer de la tribune bleu-blanc-rouge la promotion de Saint-Cyr baptisée "Antoine de la Bâtie".

    C'est le nom d'un officier tué au Liban en 1984 dans un attentat à la bombe qui a visé le QG des forces françaises à Beyrouth, le Drakkar, faisant 58 morts.

    L'Elysée a pointé du doigt dimanche la responsabilité de l'Iran et du Hezbollah, et non de Damas, dans cet attentat.

    "Le Drakkar, c'est l'Iran et le Hezbollah. Demandez à tous ceux qui s'intéressent à cette question, ils vous feront la même réponse", a déclaré une source proche de la présidence.

    Avec Thierry Lévêque et Emmanuel Jarry

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :