• Quand quelques clics potaches suffisent à semer le doute sur le web

    Quelques "tweets" et billets sur LePost.fr : il n'en a pas fallu davantage pour faire croire à la mort de l'acteur Jean Dujardin jeudi soir, une fausse information qui montre que sur le web, quelques clics potaches pas forcément très inspirés peuvent vite semer la panique.

    Le comédien, qui a très vite appelé l'AFP pour assurer qu'il était en pleine forme, est aujourd'hui l'égal de l'acteur Ramzy ou du journaliste Philippe Manoeuvre, deux célébrités, parmi d'autres, victimes par le passé d'annonces fort prématurées de leur décès.

    A l'heure des réseaux sociaux et d'une information qui circule à vitesse grand V, on ne fait pas seulement la révolution comme en Tunisie et en Egypte. On peut aussi faire des blagues douteuses.

    Dans le cas de Jean Dujardin, tout est parti d'un forum très fréquenté par les adolescents. "Certains participants s'ennuyaient et se sont dit: +Tiens, si on faisait mourir quelqu'un+. C'est une sorte d'habitude, ils avaient déjà fait +mourir+ Ramzy", explique Vincent Glad, journaliste spécialiste des réseaux sociaux.

    "On pourrait faire quantité d'autres +hoax+ (canulars, NDLR) mais les morts de personnalités, c'est le plus simple pour ridiculiser les médias, car ils sont ensuite obligés d'appeler et de demander: +Est-ce que vous êtes mort?+, ce qui est totalement absurde".

    Grâce à quelques messages sur twitter et, surtout, à des billets annonçant "Jean Dujardin s'est éteint" sur LePost, la rumeur s'est très vite propagée.

    LePost (groupe Le Monde) est un site d'informations qui permet notamment à un utilisateur lambda d'écrire des billets dont le contenu n'est modéré qu'a posteriori. Entre temps, les informations sont toutefois signalées comme "non vérifiées" par la rédaction, mais cela n'empêche nullement de créer la confusion.

    "C'était une action organisée contre LePost. Ils ont été onze à annoncer les uns après les autres la mort de Jean Dujardin, chacun avec un compte différent", déplore Philippe Jannet, le président du Post.

    Le fait que les billets soient restés longtemps en ligne n'a pas arrangé les choses. "On a mis trop longtemps à réagir", reconnaît-il. "Notre prestataire de modération n'a pas réagi instantanément. Ils sont restés aux abonnés absents de minuit à 08H00 ce matin. On est furibards!".

    Les journalistes étant très présents sur twitter, l'intérêt pour les auteurs d'une fausse information d'y poster des messages est évident, avec effet d'emballement des rédactions assuré.

    Tout cela demeure "complètement potache, mais avec une dimension nouvelle", relève Vincent Glad.

    Sur internet, tout est à plat : les médias ou les jeunes de 15-18 ans sur un forum ont la même potentialité d'attention et arrivent à obtenir de l'attention très facilement. "Ils sont ravis de piéger les médias : c'est leur trophée !", résume le spécialiste.

    Indirectement piégé, LePost a en revanche rit jaune, d'autant que vendredi après-midi, un faux compte twitter du Post a fait croire... à la fermeture définitive du site quelques minutes durant.

    "On a confié les affaires au service juridique. Dans les deux cas, c'est une agression caractérisée de déstabilisation", estime Philippe Jannet.


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