• Norbert Reithofer, PDG de BMW "La véritable reprise n'interviendra qu'en 2011"

    A l'occasion du Salon de l'automobile de Francfort, qui ouvre ses portes au public jeudi 17 septembre, le PDG de BMW, Norbert Reithofer, 53 ans, dresse un bilan de la crise et de son impact sur le groupe qu'il dirige depuis 2006. Après des pertes au premier trimestre, le constructeur allemand est revenu dans le vert au deuxième trimestre, mais prévoit une chute de ses immatriculations sur l'ensemble de l'année. M. Reithofer évoque les scénarios de sortie de crise et les voies du rebond pour BMW : développement des coopérations et motorisations alternatives.

    Le plus dur de la crise est-il passé ?

    La reprise n'aura pas la forme d'une courbe en V, mais plutôt en U. Aujourd'hui, nous sommes dans le creux. Et il est clair que nous ne reviendrons pas en 2010 au niveau de 2007. Il y aura certes une légère amélioration du marché, mais la véritable reprise n'interviendra qu'en 2011.

    L'automobile a vécu la pire année de son histoire. BMW n'a pas été épargné. Avez-vous été surpris par l'ampleur de la crise ?

    Pas vraiment. Fin 2008, nous avions prévu une baisse comprise entre 10 % et 20 % pour le marché européen. Nous avions dit que BMW serait dans la même situation. Avec une chute des ventes de 18 % chez BMW et de 15 % chez Mini, nous sommes dans cette fourchette. Mais ce qui est plus important, c'est que nos opérations courantes ont toujours été profitables : notre free cash flow (flux de trésorerie disponible) a été supérieur à 500 millions d'euros sur le premier semestre, et notre résultat d'exploitation s'est élevé à 114 millions.

    Beaucoup de marchés ont été soutenus grâce à des primes à la casse. Il est maintenant question d'y mettre fin plus ou moins progressivement. En redoutez-vous l'impact ?

    Ce système a introduit des distorsions de concurrence. En Allemagne, la prime à la casse a surtout aidé les constructeurs généralistes. BMW n'en a pas profité. Le fait d'y mettre fin ne nous désavantagera pas. Mais les différents marchés ne repartiront vraiment que lorsque ces programmes auront pris fin. Pour ce qui est du marché allemand, les ventes vont s'élever à environ 3,6 millions de voitures. En 2010, ce sont sans doute 800 000 voitures en moins qui seront vendues.

    Pendant la crise, quels ont été les marchés qui ont le mieux résisté ?

    Incontestablement, la Chine, qui n'a connu en fait qu'un ralentissement de son taux de croissance, comme l'Inde d'ailleurs. La Chine est un marché essentiel pour nous à l'avenir. En 2002, on y a vendu 5 000 voitures, en 2009, plus de 75 000. Même si ça ne peut pas encore remplacer les Etats-Unis, où nous vendons plus de 250 000 voitures.

    Avez-vous, comme d'autres constructeurs, annulé ou reporté des projets ?

    Non, nous n'avons rien repoussé en raison de la crise. En revanche, pour des raisons stratégiques, nous avons renoncé à lancer le X7 (un grand 4 × 4 destiné essentiellement au marché américain où les ventes de ce type de véhicule se sont effondrées). Le X5 continue de bien se vendre. Fabriquer un véhicule encore plus gros n'était pas très raisonnable. Parallèlement, nous allons investir 1 milliard d'euros dans nos usines pour accompagner les lancements de nouveaux produits.

    Quelle est votre stratégie en matière de technologie propre ?

    Nous allons lancer une voiture électrique de série avant 2015. Nous allons aussi développer notre technologie hybride. Mais il ne faut pas oublier les moteurs diesel hautement efficaces. L'électro-mobilité est un processus qui va prendre du temps. Il est réaliste de penser qu'elle concernera 10 % du parc automobile européen, mais pas plus. Mais il serait naïf de croire que l'on peut abandonner le moteur thermique d'ici quinze à vingt ans.

    A un moment donné, vous avez pensé à créer une quatrième marque pour votre véhicule électrique. Où en êtes-vous ?

    Le sujet n'est plus d'actualité. Notre véhicule sera griffé BMW plus "quelque chose".

    On marie souvent BMW avec PSA. Pensez-vous aller plus loin que les coopérations que vous menez déjà ensemble ?

    Tout se passe très bien aujourd'hui, c'est pourquoi nous discutons actuellement pour élargir notre coopération. Mais aucun calendrier n'est fixé. Nous discutons aussi avec Daimler.

    L'avenir de BMW passe-t-il par une grande alliance ?

    La taille n'est pas le plus important. Chez BMW, nous préférons les coopérations intelligentes.

    Vous avez tout récemment quitté la formule 1. Y ferez-vous un jour votre retour ?

    Nous voulons être exemplaires sur le plan du développement durable. Alors, nous nous sommes posé la question de savoir si, stratégiquement, la formule 1 s'inscrivait bien dans cette orientation. La réponse a été non ! Pour ce qui est d'un éventuel retour, je vais vous répondre de façon diplomatique : la question ne se pose pas pour moi.


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