Avec un projet de loi "Hôpital, patients, santé, territoires" dont
l'examen doit débuter à la fin du mois, des personnels qui prévoient de
faire grève le 29 janvier et
la mort de trois patients d'établissements publics dans des circonstances polémiques,
les voeux de Nicolas Sarkozy au personnel de santé étaient
particulièrement attendus vendredi. Depuis le nouvel hôpital civil de
Strasbourg, où il est arrivé sous les cris et les sifflets d'une bonne
centaine de grévistes, il a tenu à battre en brèche l'idée que
l'hôpital souffre d'un problème de moyens : "Comme toujours en France,
on ne regarde pas à l'intérieur du moteur ce qui se passe, on dit :
Il faut plus
."
Principal argument du
président de la République : "Entre 1998 et 2008 - j'ai pris cette
période parce qu'il y a eu des gouvernements de droite et de gauche -,
la France, au travers des dépenses de l'assurance maladie au profit des
hôpitaux, a augmenté le budget de 50 %. C'est 23 milliards d'euros de
plus pour l'hôpital au cours des dix dernières années." Selon lui, "le
défi de l'hôpital d'aujourd'hui, c'est que cet argent qui est
nécessaire soit plus efficace parce que l'hôpital doit être mieux
organisé". Pour cela, le chef de l'État souhaite "une meilleure
coopération entre les établissements entre eux et la médecine de
ville", plaidant pour la réforme du système hospitalier de sa ministre
de la Santé Roselyne Bachelot, qui doit être examinée au Parlement à la
fin du mois. Il a aussi tenu à rassurer les personnels, qu'il
soutiendra "en toutes circonstances", leur rappelant que le système
hospitalier français est "l'un des meilleurs du monde".
Grèves en vue
Si l'UMP a
immédiatement réagi en estimant que le chef de l'État apportait "des
réponses concrètes et modernes" aux questions liées à l'hôpital public,
le PS a considéré qu'il n'avait "pas pris la mesure du malaise de
l'hôpital public". Il "semble vouloir s'obstiner à faire de la baisse
de l'emploi dans l'hôpital public l'objectif premier de sa politique
hospitalière : c'est une faute lourde et un contresens au regard des
circonstances économiques et sociales actuelles", a déclaré Jean-Marie
Le Guen, chargé des questions de santé au PS et président suppléant du
conseil d'administration de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris
(AP-HP). "Je demande au président de la République de reconsidérer
sérieusement la place qu'il accorde à la santé dans les politiques
publiques et de comprendre que, sans un investissement massif dans la
santé, la réforme sera impossible."
Jeudi, l'un des principaux syndicats de médecins des
hôpitaux, l'INPH (l'Intersyndicat national des praticiens
hospitaliers), avait demandé "la suspension, voire le retrait"
du projet de loi de "modernisation" du système de santé.
Les quatre "intersyndicats" (CMH, Snam-HP, INPH et la CPH) de médecins
des hôpitaux ont par ailleurs appelé à participer à la journée de grève
et de manifestations du 29 janvier, aux côtés des autres salariés.