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    Tom Lecrofman : Alors que Daniel Cohn-Bendit semble vouloir prendre ses distances avec les Verts traditionnels, quelle place sur l'échiquier politique pour Europe Ecologie en vue des élections de 2012 ?

    Noël Mamère : L'initiative de Daniel Cohn-Bendit est une contribution au nécessaire débat que nous devons avoir au sein d'Europe Ecologie. Cet "appel du 22 mars" n'est pas du tout une prise de distance avec les Verts traditionnels, mais la volonté d'affirmer l'autonomie politique des écologistes pour qu'ils pèsent encore plus dans le débat public et dans les politiques publiques qui seront appelées à incarner l'alternative au sarkozysme.

    Clementine60 : Un projet ! Pour quoi faire ? L'alliance avec le PS pour l'élection présidentielle n'est-elle pas la meilleure solution ?

    Noël Mamère : Pour quoi faire ? Pour changer la société. Notre projet, déjà défendu aux européennes, puis aux régionales, n'est pas exactement celui du Parti socialiste et de la gauche traditionnelle. Il reste encore beaucoup de points à éclaircir entre nous : sur la notion de croissance, sur le nucléaire, sur les transports, mais aussi sur des questions de société où nous sommes beaucoup plus en avance – c'est notre tradition libertaire – que le reste de la gauche.

    Nous ne réussirons pas seuls, pas plus que les socialistes n'accéderont seuls au pouvoir. Nous ne sommes plus des supplétifs, mais des partenaires à part entière qui veulent discuter à partir de leur projet. C'est tout l'enjeu des mois qui viennent pour réussir 2012.

    Ed. : Ne trouvez-vous pas que le PS a su évoluer et négocier de façon plus ouverte qu'à son habitude avec ses partenaires entre les deux tours des élections régionales ?

    Noël Mamère : En politique, il n'y a qu'une chose qui compte : c'est le rapport de forces ! Voilà pourquoi le Parti socialiste a été plus ouvert que d'habitude. Mais ça ne l'empêche pas de dire depuis dimanche que ce beau résultat est une victoire des socialistes. Ils oublient simplement que sans la dynamique d'Europe Ecologie, la victoire aurait été beaucoup moins ample. Pour votre information, sachez qu'aujourd'hui la région Ile-de-France compte la représentation écologiste la plus importante d'Europe, avec 50 conseillers. C'est un outil formidable pour introduire de manière décisive la problématique de l'écologie dans les politiques régionales.

    Stéphane D. : Seriez-vous favorable à des primaires pour choisir un candidat écologiste parmi les nombreuses personnalités "présidentiables" ?

    Noël Mamère : La question est d'abord de savoir s'il est nécessaire de présenter un candidat écologiste à la présidentielle et s'il n'est pas préférable de se battre pour un groupe politique important à l'Assemblée nationale. Il est trop tôt pour répondre. Un élément de réflexion : j'ai été moi-même le candidat des Verts à l'élection présidentielle de 2002, j'ai dépassé le seuil fatidique des 5 %. A quoi cela a-t-il servi ? Qu'y avons-nous gagné ? Pas grand-chose. Nous ne sommes aujourd'hui que trois députés Verts à l'Assemblée nationale. Mais, en même temps, nous avons encore beaucoup de points d'achoppement avec nos partenaires de la gauche. C'est pourquoi il faut d'abord structurer Europe Ecologie, c'est l'objet des discussions que nous venons de lancer, afin de débattre des sujets qui fâchent avec l'ensemble de la gauche. Si nous constatons que l'écart est trop grand entre le projet de société que nous défendons et celui des socialistes, alors il faudra un candidat écologiste à la présidentielle.

    Quant aux primaires au sein de notre formation, c'est devenu une habitude, il n'y a donc aucune raison de changer.

    Jeddo : En quoi présenter un candidat Vert à la présidentielle serait incompatible avec la négociation d'un groupe Vert important à l'Assemblée ?

    Noël Mamère : Ce n'est pas incompatible, bien au contraire. Mais nous courons le risque, si notre score est faible, d'avoir en face de nous un parti qui prendra comme référence ce résultat et qui sera beaucoup plus avare quant au nombre de députés écologistes. Comme vous le savez, il s'agit d'un scrutin uninominal qui force aux alliances. Nous réclamons depuis longtemps l'introduction de proportionnelle dans le système majoritaire. Je vous donne un exemple de son efficacité politique : en 1997, les Verts allemands ont fait 7,5 % aux élections législatives ; nous avons réalisé exactement le même score en France. Grâce au système allemand de proportionnelle, les Verts ont obtenu 51 députés et ont donné à l'Allemagne l'un des plus grands ministres des affaires étrangères de l'après-guerre, Joshka Fischer... En France, à cause du système majoritaire, nous avons dû nous contenter de 7 députés.

    Axel : Depuis la sortie de Cap 21 du MoDem, êtes-vous en contact avec le parti de Corinne Lepage pour d'éventuelles alliances ?

    Noël Mamère : Non seulement nous sommes en contact avec le parti de Corinne Lepage, mais une grande partie de ses représentants sont aujourd'hui conseillers régionaux d'Europe Ecologie. Mme Lepage a été très claire depuis le 21 mars : elle s'est prononcée pour Europe Ecologie.

    Sylvie K :  Tribunes, appels, déclarations... Europe Ecologie fait beaucoup de bruit médiatique depuis deux jours, mais pour ceux qui ne comprennent pas le mode de fonctionnement des Verts, c'est une véritable cacophonie, déceptive après un vote qui vous a été favorable. Allez-vous atteindre l'âge adulte ?

    Noël Mamère : Nous avons atteint la maturité et l'âge d'homme ! Nous n'avons pas l'intention de recommencer la spirale des divisions qui a fait tant de mal aux Verts. Simplement, si nous voulons nous installer durablement dans la gauche et devenir une force crédible, nous devons nous organiser mieux et ne pas laisser se développer d'un côté les Verts, et de l'autre laisser se débrouiller par eux-mêmes ceux de la société civile qui ont rejoint Europe Ecologie... et qui ne veulent pas adhérer aux Verts. Ce qui nous différencie des autres partis, c'est que nous discutons en toute transparence, devant la société. C'est tout simplement ce qu'on appelle la démocratie.

    Chat modéré par Eric Nunès

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