C'est la 1re fois qu'on entendra sa voix depuis le début de l'affaire. Trois semaines après son arrestation, Dominique Strauss-Kahn, inculpé pour crimes sexuels sur plainte d'une employée du Sofitel de Manhattan, revient lundi devant les juges pour plaider coupable ou non coupable.

Ses avocats l'ont dit et répété : dans l'affaire n°2011NY035773 intitulée "Le peuple de l'Etat de New York contre Dominique Strauss-Kahn", ils sont "confiants", DSK qui nie les faits qui lui sont reprochés plaidera non coupable et "sera relaxé". Dimanche encore, dans un sujet sur M6, Me Benjamin Brafman l'a affirmé : "je suis confiant, je ne pense pas du tout que M. Strauss-Kahn soit coupable des faits qu'on lui reproche, et je peux vous prédire qu'il sera relaxé". "Mon objectif, c'est de reprendre les faits", explique-il, rappelant qu'il suffit que l'un des jurés ait un doute et l'accusé sort libre du tribunal. Explication : aux Etats-Unis, les 12 jurés sélectionnés pour un procès doivent coûte que coûte se prononcer à l'unanimité. S'ils n'y parviennent pas, le juge déclare le procès "avorté" et le procureur peut décider d'en intenter un autre (tout comprendre avec notre infographie > Le parcours judiciaire qui attend DSK, étape par étape). Pour en arriver là, il faut qu'un procès se tienne, ce qui est le cas si l'inculpé plaide non coupable... Ce que l'on saura ce lundi donc pour DSK.

Négociation ou procès ?

Trois semaines après son arrestation à bord d'un avion à l'aéroport JFK de New York, DSK comparaît en effet lundi devant le tribunal pénal de Manhattan pour que l'ancien patron du FMI dise s'il plaide coupable ou non coupable des crimes sexuels dont l'accuse une femme de chambre du Sofitel de Manhattan. Pour le savoir rendez-vous à 15h30 heure française. Dans le premier cas (90% des cas, mais qui constituerait ici un coup de théâtre), il n'y aura alors pas de procès mais une négociation avec le juge sur le nombre d'années de prison à purger pour DSK, 62 ans, qui risque jusqu'à 74 ans de prison. A en croire les experts, il n'aurait alors pas moins de 5 ans de prison. Dans le cas contraire, le plus probable donc à en croire sa défense, son procès se tiendra, à Manhattan, toujours quelques mois plus tard.

Avant de plaider coupable ou non coupable, DSK s'entendra lire lundi par le juge Michael Obus l'acte d'accusation le concernant. Un acte qui comporte 7 chefs d'accusation, dont agression sexuelle, tentative de viol et séquestration, établi par le procureur sur la base des décisions d'un "Grand jury" (chambre d'accusation), qui a entendu le témoignage sous serment de la victime présumée, une femme de chambre de 32 ans, dont on sait seulement officiellement qu'elle est originaire de Guinée, la loi américaine interdisant de révéler son identité.

Des preuves ou parole contre parole ?

Si DSK plaide non coupable comme cela a été dit, viendra le temps pour la défense et l'accusation de constituer leurs dossiers et de présenter des "motions préliminaires" qui planteront le décor du procès. Et là, quasi tous les "coups" sont permis : tout élément pouvant décrédibiliser la victime auprès des jurés sera précieux pour la défense, et permettra à Mes Taylor et Brafman, les deux avocats stars de DSK qui est désormais en résidence surveillée à TriBeCa depuis sa libération sous caution, de présenter une femme ne correspondant plus à l'image d'immigrée africaine pieuse, mère célibataire modèle et travailleuse, qui est présentée pour l'instant.

De son côté l'accusation, qui est renforcée par l'arrivée de 2 femmes procureur-adjoint de gros calibre, Joan Illuzzi-Orbon et Ann Prunty, aura recueilli des preuves, ADN ou autres, permettant de confondre l'accusé. Les avocats de DSK ont déjà laissé entendre que si preuves ADN il y avait, ils plaideraient l'acte consensuel. S'il n'y a pas de traces de violences, ce sera parole contre parole, avocat contre procureur, et le jury sera le seul juge. A noter qu'à n'importe quel moment de la procédure, l'accusé peut décider de plaider coupable.