• Cheb Mami, en pleurs, comparaît à Bobigny pour violences

    La star algérienne de la musique raï Cheb Mami a comparu en pleurs devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour des violences contre sa compagne, qu'il aurait voulu forcer à avorter en 2005.

    Le chanteur de 42 ans, de son vrai nom Mohamed Khelifati, est en prison en France depuis lundi et son retour d'Algérie pour faire face à ses juges, après deux années de fuite.

    Dans le box entre deux policiers, chemise blanche, pâle, il a versé des larmes lors des premières questions. Il a affirmé qu'il était "piégé" dans cette affaire mais a fait amende honorable pour sa fuite de mai 2007.

    Icône en Algérie où il a lancé le raï dans les années 80 avant de l'exporter en France et dans le monde, il est connu dans le monde entier pour des duos avec Zucchero ou Sting en 2000, avec lequel il a réalisé le tube "Desert rose".

    Il ne joue plus, mais compose toujours, a-t-il expliqué.

    "Pour un jour où, Inch Allah ("Si Dieu le veut", ndlr)...", a-t-il dit.

    Cheb Mami joue en effet son avenir dans cette affaire pour laquelle il a déjà été emprisonné trois mois entre le 28 octobre 2006 et le 2 février 2007. Le jugement sera mis en délibéré à la fin du procès et devrait être rendu après l'été.

    Il encourt jusqu'à dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.

    Il est lui reproché d'avoir organisé l'enlèvement et la séquestration à Alger les 28 et 29 août 2005, de son amie, une photographe française, qui venait de lui annoncer qu'elle attendait un enfant de lui.

    Son agent Michel Le Corre alias "Levy", 56 ans, qui aurait selon le parquet organisé le traquenard, est aussi jugé. Il est venu au tribunal au contraire de deux proches du chanteur, Hicham Lazaar, 27 ans, et Abdelkader Lallali, 42 ans, également poursuivis, qui sont donc jugés par défaut.

    "IRRÉPROCHABLE"

    Accueillie à Alger par Hicham Lazaar à l'arrivée d'un voyage organisé par Michel Le Corre, la victime a été droguée puis conduite dans la villa de Cheb Mami, où Abdelkader Lallali et deux femmes non identifiées l'ont brutalisée et lui ont administré des produits, avant de la laisser partir.

    Revenue à Paris, la jeune femme a accouché d'une fille en mars 2006. Elle avait entre-temps porté plainte.

    Les témoins ont tous expliqué avoir été surpris et ont décrit Cheb Mami comme "irréprochable, gentil et abordable", selon les dépositions lues au procès.

    Le chanteur a dit que sa relation avec la victime engagée en 2004 avait été "épisodique". Il assure ne l'avoir vue que "cinq fois maximum" et ne voulait pas garder l'enfant.

    Fils d'ouvrier né à Saïda, Cheb Mami a chanté dès l'âge de 12 ans, connaissant le succès sous son nom de scène qui signifie "jeune môme" et s'installant en France dès 1985. Il a débuté à Bobigny, dans une salle proche du tribunal où il est jugé.

    Sa rencontre avec Michel Le Corre a lancé sa carrière et en a fait un homme riche, décrit comme pingre par plusieurs témoignages et "autoritaire" au temps de la gloire, selon sa première femme, dont il a eu un enfant en 1995.

    Cheb Mami était proche du régime d'Abdelaziz Bouteflika et a même fait campagne pour lui. Il l'a confirmé à la barre, en disant : "Je ne suis pas dans la politique, je voulais aider mon pays et aider les personnes qui veulent le rendre meilleur."

    Ses premiers mots de regrets ont concerné sa fuite en février 2007. Il avait quitté la France où il avait obligation de rester, grâce à un "passeport français périmé", a-t-il dit.

    "Ma mère était malade, ma famille me manquait. C'est vrai, j'ai pété un plomb, je suis parti. (...) J'ai fait une faute", a-t-il dit.

    Édité par Sophie Louet


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