Deux candidats ont progressé lors de l’élection présidentielle du 23 octobre en Argentine, par rapport au scrutin du 14 août, qui était destiné à éliminer les candidatures marginales : Cristina Kirchner, réélue dès le premier tour avec 53 % des voix, soit trois points de plus qu’au mois d’août. Et le socialiste Hermes Binner, qui a réussi une percée, avec 17 % des suffrages, soit sept points de plus qu’il y a deux mois.

Cristina Kirchner a laminé les autres prétendants péronistes : Eduardo Duhalde et Alberto Rodriguez Saa. Hermes Binner est parvenu à ravir la deuxième place à Duhalde et au radical Ricardo Alfonsin, qui avaient obtenu 12 % des voix chacun le 14 août.

La présidente écrase les caudillos provinciaux qui contestaient son leadership au sein du péronisme. Le candidat socialiste, lui, enfonce un coin dans le vieux bipartisme, qui opposait le Parti péroniste et le Parti radical depuis 66 ans.

Le petit Parti socialiste revient de loin. Depuis les années 1930, il avait eu le plus grand mal à avoir des élus, en dépit de quelques figures respectées, comme Alfredo Palacios, Alicia Moreau de Justo ou encore Alfredo Bravo.

Longtemps implantés essentiellement à Buenos Aires, les socialistes avaient refait surface à Rosario (troisième ville d’Argentine), dont Hermes Binner était devenu le maire en 1995, et dans la province de Santa Fe, dont il était élu gouverneur en 2007.

La percée de ce dirigeant socialiste de 68 ans, honnête mais peu charismatique, reste fragile. Le Frente Amplio Progresista (Front élargi progressiste), étiquette sous laquelle il s’est présenté à la présidentielle, évoque l’exemple de la gauche uruguayenne. Mais il masque son échec à rassembler tout le centre gauche opposé aux Kirchner.

LeMonde