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Affaire DSK : le procureur de New York fragilisé
Cyrus Vance Jr s'est fait un nom dans le monde entier depuis qu'il a
inculpé l'ex-patron du FMI pour viol. Mais maintenant que la situation
semble tourner à l'avantage de Dominique Strauss-Kahn, le procureur voit
l'ultra-médiatisation de cette affaire se retourner contre lui.
L'affaire DSK devait être le dossier de sa vie.
Elle pourrait finalement porter un coup fatal à sa carrière. Sous les
feux de toute la presse internationale depuis qu'il a inculpé Dominique
Strauss-Kahn pour viol, le procureur du comté de New York Cyrus Vance Jr
pâtit désormais du spectaculaire retournement de situation provoqué par
l'affaiblissement du témoignage de la plaignante, qui a mené à la remise en liberté de Dominique Strauss-Kahn.«L'enquête a soulevé des inquiétudes concernant la crédibilité de la plaignante», a
reconnu vendredi Cyrus Vance. Une déclaration qui revêt des allures de
volte-face, six semaines seulement après la sensationnelle mise sous les
verrous de l'ex-patron du FMI, probable candidat à la présidentielle
française. Cette marche arrière pourrait coûter au procureur plus qu'une
humiliation internationale.Candidat à sa propre succession en 2013
C'est que, dans le système américain, les procureurs sont élus et peuvent
donc être sanctionnés dans les urnes. Et pour Cyrus Vance Jr, élu en
2009 et candidat à sa propre succession en 2013, ce dernier revers en date n'est que le point culminant d'une série noire. Le mois dernier, l'acquittement de deux policiers également accusés de viol
avait déjà suscité l'émoi. Malgré un faisceau d'éléments semblant
établir leur culpabilité, les accusés n'ont pas été condamnés. Le
procureur n'a donc pas su convaincre les jurés. La semaine dernière, le
scénario s'est répété avec l'acquittement de deux responsables de
chantier inculpés en liaison avec l'incendie de l'immeuble de la
Deutsche Bank en 2007, sinistre qui avait causé la mort de deux
pompiers. L'opinion publique n'a pas apprécié non plus.Dans l'affaire DSK, on pourrait fort bien ne pas aller jusqu'au procès, si le
procureur décidait de prononcer un non-lieu au vu de la faiblesse du
dossier. L'effondrement successif de ces trois affaires
ultra-médiatiques suscite les critiques et les railleries de la presse
américaine. «Nouvelle débâcle», titre le New York Post, tandis que Michael Powell, éditorialiste au New York Times, s'interroge : désormais «qui, de Dominique Strauss-Kahn ou du procureur de Manhattan, a la meilleure cote pour son élection ?»Du côté du bureau du procureur, on assure que celui-ci n'est pas
déstabilisé, voire qu'il sort renforcé du retournement de l'affaire DSK.
Et de plaider l'esprit de justice du procureur, indépendamment de toute
arrière-pensée électoraliste. «Comme procureurs, notre devoir est de
faire ce qui est juste, dans chaque dossier, sans peur ni faveur», a
ainsi déclaré Cyrus Vance Jr vendredi. Et ce, a-t-il insisté, «quelles
qu'en soient les conséquences».LeFigaro
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