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Royaume-Uni : les émeutes se propagent, Londres opte pour la fermeté
Les émeutes qui continuent de secouer la Grande-Bretagne
sont entrées mercredi dans leur quatrième jour et se sont propagées
dans d’autres villes du royaume, faisant des morts et obligeant le
gouvernement qui s’est réuni d’urgence dans la journée à adopter des
mesures fermes et déployer des renforts policiers.Les troubles s’étaient déclenchés samedi
dernier dans le quartier multiethnique et déshérité de Tottenham, dans
le nord de Londres, dans la foulée d’une manifestation
pour réclamer « justice » après la mort d’un homme noir de 29 ans, Mark
Duggan, tué lors d’une opération des forces de l’ordre contre la
criminalité.Ces incidents ont gagné
l’est et le nord de la capitale britannique et se sont également
propagés dans plusieurs villes du pays, notamment à Liverpool, Salford,
West Bromwich, Wolverhampton, Bristol, Gloucester et Manchester, où des
affrontements et des scènes de pillage ont été enregistrés, selon la
police.Batailles rangées entre forces de l’ordre et émeutiers
Des
médias ont diffusé des images montrant des batailles rangées entre
forces de l’ordre et émeutiers, qui, en profitant de la confusion qui
règne dans les rues se sont adonnés à des actes de saccages et de
pillages. Plusieurs voitures, magasins et immeubles étaient en feu,
montrant ainsi la violence inouïe des heurts, les plus graves depuis des
décennies.« C’est de la violence
gratuite et de la criminalité gratuite à une échelle que je n’avais
jamais observée auparavant », a affirmé le chef adjoint de la police de
Manchester, Garry Shewan.Dans la
capitale Londres, la nuit a été calme bien que la tension est toujours
dans l’air. Des groupes d’autodéfense se sont même constitués,
regroupant des centaines d’habitants au grand dam des autorités.Depuis le début de ces incidents, quatre personnes ont trouvé la mort
Depuis
le début de ces incidents, quatre personnes ont trouvé la mort, une est
décédée de ses blessures reçues lundi à Londres alors que les trois
autres ont été écrasées par une voiture à Birmingham, selon la police
qui n’a pas précisé si les décès étaient liés aux émeutes. Par ailleurs,
quelque 770 personnes ont été interpellées dans la foulée de ces
évènements, dont 81 arrêtées dans la capitale.Face à cette situation, les autorités britanniques ont adopté un langage plus ferme pour juguler la violence. Mardi, le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé que les effectifs policiers à Londres seraient portés de 6.000 à 16.000 hommes.
De
retour forcé de Toscane (Italie), où il passait ses vacances, David
Cameron avait convoqué une réunion extraordinaire du Parlement jeudi
pour discuter de la situation.Debout
devant sa résidence au 10 Downing street, à Whitehall dans le centre de
Londres, M. Cameron a martelé devant la presse qu’ »il fallait une
riposte » face aux émeutes, à l’issue d’une réunion d’urgence du
gouvernement.« La police est déjà
autorisée à utiliser des balles en plastique », a-t-il dit, soulignant
qu’elle disposerait de « toutes les ressources dont elle a besoin » et
serait autorisée à recourir à « toute tactique » jugée « nécessaire ».
Il a toutefois reconnu que certaines choses allaient « très mal dans la
société » britannique.Ces incidents
portent un coup dur à la stature du Premier ministre, élu l’année
dernière, qui a fait de la rupture avec les 14 ans de gouvernance du
parti travailliste (Labour) de Tony Blair, son cheval de bataille.Tout
en condamnant fermement les émeutiers, l’opposition a imputé ces
troubles à la politique d’austérité décidée par les conservateurs au
pouvoir et ses coupes budgétaires jugées catastrophiques pour les
ménages et les salariés à bas revenus ce qui aiguise la colère
populaire.« Ces faits (…) ajoutés à
d’autres coupes affectant les emplois et les services publics, il est
difficile de voir comment des quartiers comme Tottenham pourraient être
bientôt moins inflammables », a estimé la députée du Labour Diane
Abbott.Pour la presse britannique, ces évènements sont une « honte »
Pour
la presse britannique, ces évènements sont une « honte » et un
« déshonneur » pour la Nation. Le Daily Mail accuse « l’immoralité
désespérée qui fait honte à la Grande-Bretagne ».La
presse européenne a attribué ce climat de violences à la politique
d’austérité. La nouvelle génération va « devoir porter le poids de la
montagne de dettes que la génération d’après-guerre a laissé grossir
avec désinvolture », a écrit la journal allemand le Süddeutsche Zeitung.
Plus mesuré, le Frankfurter Allgemeine Zeitung a souligné dans ses
colonnes que « le taux de chômage élevé des jeunes, l’exclusion sociale
et l’absence de perspectives », ne justifiaient pas la violences.Quant
au quotidien belge, Le Soir, il ne s’est pas montré tendre avec la
Premier ministre britannique. « David Cameron pense qu’en cassant les
casseurs, il parviendra à stopper l’hémorragie de violence. Mais il
n’éteindra pas le feu qui couve dans les basses strates de la société »,
commente Le Soir.www.donnetonavis.fr
Tags : emeutes, royaume uni, londre, grande bretagne
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