• Norvège: Oui, je le ferais de nouveau", lance Breivik à ses juges

    "Oui je le ferais de nouveau" a lancé Anders Behring Breivik au tribunal d'Oslo après avoir promis des propos "allégés" par égard pour les victimes, mardi au deuxième jour de son procès pour le massacre de 77 personnes qui avait débuté par le renvoi d'un juge.

     Son avocat Geir Lippestad avait prévenu que le témoignage de Breivik serait difficile à entendre. Après avoir promis aux juges qui l'ont autorisé à lire une déclaration préliminaire d'alléger sa rhétorique, Breivik s'est cependant lancé dans un discours qui a obligé la juge Wenche Elizabeth Arntzen, qui préside le procès, à l'interrompre à plusieurs reprises pour lui rappeler son engagement. "Oui, je le ferais de nouveau !", a-t-il affirmé en expliquant avoir "conduit l'opération la plus spectaculaire réalisée par un militant nationaliste ce siècle".


    "Une petite barbarie est totalement nécessaire pour empêcher une barbarie beaucoup plus grande", a-t-il tenté de justifier avant de demander sa relaxe. "Les gens qui me disent diabolique confondent le fait d'être diabolique et d'être violent", a-t-il déclaré d'une voix calme en soulignant que pour lui, "être emprisonné le reste de sa vie ou mourir comme martyr pour son peuple est le plus grand honneur (...) C'est un devoir." "Si quelqu'un est diabolique, ce sont les sociaux-démocrates et les marxistes culturels (...) qui veulent transformer leur pays en société multiculturelle sans consulter la population", a-t-il dit. Utilisant le pronom "nous" pour donner l'impression qu'il représente une mouvance plus large, il s'en est pris aux médias accusés de dévoyer sa cause et aux démocraties européennes. "Est-ce démocratique que le peuple norvégien n'ait jamais été consulté par référendum pour savoir si on peut accepter autant d'étrangers (...) au point de devenir une minorité dans leur propre pays ?", a-t-il demandé alors que dans l'assistance, composée en partie de familles de victimes et de rescapés de ses attaques, on secoue la tête avec dégoût, on murmure, on s'impatiente. "Tout ce qui va nous rester, ce sont des sushis et des écrans plats", déclare-t-il en évoquant la destruction de la société norvégienne. La juge lui demande d'abréger sa déclaration alors que, lui, demande pour expliquer son geste une heure au lieu des cinq jours prévus. Il continue en imputant aux immigrés musulmans viols et agressions "contre (ses) frères et soeurs norvégiens", estimant que les musulmans "méprisent" la culture norvégienne. "Des rivières de sang causées par les musulmans" coulent maintenant dans les villes européennes, a-t-il encore dit, citant Madrid, Londres et Toulouse notamment.


    Avant cette diatribe, l'accusation, la défense et les avocats des parties civiles avaient demandé et obtenu le renvoi du juge adjoint Thomas Indreboe --l'un des trois juges adjoints issus de la société civile et qui assistent les deux magistrats professionnels-- qui a reconnu avoir réclamé la peine de mort pour Breivik juste après les attaques du 22 juillet.

    Peu après les attaques, Thomas Indreboe avait écrit sur l'internet: "La peine de mort est la seule solution juste dans cette affaire!!!!!!!!!!". Même si la peine capitale ne figure pas dans l'arsenal pénal norvégien, ces propos "sont de nature à affaiblir la confiance" en son jugement, a expliqué la juge Arntzen.


    Mardi, dès son arrivée dans le prétoire, Breivik a reproduit le geste de provocation déjà effectué la veille, adressant à l'assemblée un geste qu'il présente comme un salut d'extrême droite: après s'être frappé le coeur du poing droit, il a tendu le bras et ce poing en direction de la salle déjà bondée.

    Un geste qui, explique-t-il dans son manifeste, représente "la force, l'honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe".

    L'accusation a ouvert le procès lundi en présentant l'acte d'accusation, en énumérant une à une les 77 victimes et la façon dont chacune a été tuée et en revenant sur le passé de l'accusé.

    Ce dernier n'avait eu que peu d'occasions de prendre la parole si ce n'est pour récuser la Cour puis pour se déclarer non coupable. Le 22 juillet 2011, Breivik avait d'abord tué huit personnes en faisant exploser une bombe dans le centre d'Oslo puis, déguisé en policier, il avait froidement abattu 69 personnes sur l'île d'Utoeya, essentiellement des adolescents, du mouvement de jeunesse du Parti travailliste. Le principal point d'interrogation du procès qui devrait durer 10 semaines porte sur la santé mentale de l'accusé.

    Jugé pénalement irresponsable, il risque l'internement psychiatrique à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourra ensuite éventuellement être prolongée aussi longtemps qu'il sera considéré comme dangereux.

    AFP


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