• «Le Canard enchaîné» accuse Ikéa d'avoir espionné salariés et clients

    La filiale française du géant suédois du meuble aurait employé des officines privées pour consulter les fichiers de la police...

    Le groupe d'ameublement Ikea a dit ce mercredi souhaiter «faire toute la lumière» sur des pratiques de «flicage» de son personnel et de clients évoquées par Le Canard Enchaîné et va «entreprendre des vérifications», a annoncé à l'AFP son directeur de la communication. La filiale française du géant suédois du meuble, Ikéa, aurait consulté, moyennant finance, les fichiers de la police nationale pour tout connaître de ses employés, voire de ses clients, rapporte Le Canard Enchainé ce mercredi.

    Ikéa «désapprouve de façon claire et vigoureuse toutes ces pratiques illégales»

    «On souhaite faire toute la lumière sur cette situation. On a décidé d'entreprendre toutes les vérifications qui s'imposent pour savoir ce qu'il en est exactement», a déclaré le directeur de la communication, en précisant que cette position n'équivaut pas à une reconnaissance des pratiques incriminées par l'hebdomadaire satirique. «On désapprouve de façon claire et vigoureuse toutes ces pratiques illégales qui peuvent porter atteinte à des valeurs importantes» comme «le respect de la vie privée», a-t-il ajouté.

    Depuis 2003, Ikéa France aurait passé un accord avec au moins deux officines privées de sécurité afin d'obtenir des informations issues du fichier policier Stic, de celui des cartes grises ou des permis de conduire, concernant des salariés avant embauche, des syndicalistes, voire des clients en cas de différend commercial. «D'anciens policiers, reconvertis dans la sécurité privée, peuvent être tentés d'utiliser leur réseau pour obtenir indûment des renseignements», reconnaît-on de source policière, tout en précisant qu'il s'agit de «dérives marginales».

    80 euros la consultation

    Le Canard Enchaîné reproduit ce mercredi matin «quelques spécimens» d'emails «parmi la centaine» échangés par le directeur de la gestion du risque chez Ikea France et plusieurs responsables de ces officines. Ces emails contiennent des demandes précises sur certaines personnes, notamment des salariés, mais aussi des clients en litige avec le fabricant de meuble: le responsable d'Ikea réclame à ses interlocuteurs casier judiciaire, nom du propriétaire d'une voiture précise, nom du propriétaire d'un numéro de portable...

    En réponse, les patrons d'officines acceptent de fouiller dans les fichiers de la police (Stic, cartes grises, permis de conduire, opérateurs de téléphonie mobile...). Selon le journal stirique, chaque consultation coûtait 80 euros à Ikea. Cette révélation pousserait aujourd'hui les salariés d'Ikea à se tourner vers la justice, selon Le Canard Enchaîné: une dizaine d'entre-eux, syndiqués, va porter plainte pour utilisation frauduleuse de données personnelles, passible au maximum de 5 ans d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende.

    Contacté par l'AFP, un de leurs avocats Me Yassine Yakouti, s'est refusé à dire combien allaient le faire, s'il l'avait déposée ni quand il comptait le faire. A la-mi journée, aucun dépôt de plainte n'avait pu être confirmé. «Nous n'avons pas reçu de plainte à ce jour», a assuré Ikea. Sans plus de détail, Me Yakouti a dit «souhaiter que la justice puisse enquêter sur ces soupçons latents de salariés confortés par l'article du Canard Enchaîné».

    L'Intérieur attend pour envisager d'éventuelles suites disciplinaires

    Au ministère de l'Intérieur, on dit attendre l'ouverture d'une enquête judiciaire pour envisager d'éventuelles suites disciplinaires. «Tant que nous n'avons pas les éléments, nos restons extrêmement prudents», a commenté le porte-parole du ministère Pierre-Henry Brandet. «Lorsqu'une ou des plaintes auront été déposées, l'enquête judiciaire devra déterminer si des fichiers comme celui du Stic, des immatriculations ou des permis de conduire ont été interrogés de manière illicite», ajoute-t-on place Beauvau.

    «Il y a une traçabilité dans la consultation de ces différents fichiers (numéro matricule, code personnel attribué aux seuls fonctionnaires habilités) qui permet d'avoir une vision très claire de qui consulte quoi», a-t-on fait valoir. Chaque année des sanctions, pouvant aller jusqu'à la révocation, sont prononcées contre des fonctionnaires, notamment des policiers, pour avoir indûment consulté ou fourni des renseignements puisés dans le Stic

    Bérénice Dubuc avec AFP |20minutes.fr

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